Dysfonction vasculaire
LA DYSFONCTION vasculaire est constituée de trois paramètres distincts : une rigidité vasculaire, une dysfonction endothéliale et une dysfonction microvasculaire. Ces trois mécanismes interviennent de différente façon dans la survenue des complications cardio-vasculaires du diabète.
La rigidité artérielle est un phénomène très précoce au cours du diabète de type 1 et de type 2. Elle est responsable de l'augmentation du différentiel entre la pression systolique (PAS) qui s'élève et la pression diastolique (PAD) qui baisse. En effet, la pression pulsée (PP) est fortement augmentée chez les diabétiques. Si on sait depuis longtemps que l'élévation de la PAS accroît le risque cardio-vasculaire, il semble aujourd'hui établi que pour un même niveau de PAS, ce risque augmente avec l'élévation de la PP. Un travail néerlandais, conduit à partir des données de la cohorte de la Hoorn Study, a montré la responsabilité de l'obésité abdominale (donc de l'insulinorésistance) dans la genèse de la rigidité artérielle. Le pourcentage de graisse corporelle, mesuré à l'âge de 16 ans, était corrélé avec l'existence d'une rigidité artérielle 20 ans plus tard (mesurée à l'âge de 36 ans). Par ailleurs, la condition physique (estimée sur la VO2max) est également étroitement liée à la rigidité artérielle.
Deuxième paramètre de la dysfonction vasculaire, la dysfonction endothéliale s'installe, elle aussi, très tôt. Elle existe dès le stade de l'intolérance au glucose. Or cette dysfonction (dont l'existence peut être repérée par certains marqueurs comme le facteur de Willebrand) est un facteur de mauvais pronostic, avec un risque augmenté de complications cardio-vasculaires. Il en est de même des marqueurs de l'inflammation (CRP). La dysfonction endothéliale et une inflammation à bas bruit participent très largement à la surmortalité des diabétiques. Les données de la Hoorn Study font état d'un taux de mortalité multiplié par 2,5 chez les diabétiques (après correction de l'âge et du sexe) ; 25 % de cette surmortalité semblent expliqués par l'inflammation infraclinique et 34 % par la dysfonction endothéliale ; et ces deux facteurs associés expliqueraient 48 % de la surmortalité due au diabète. Enfin, la dysfonction endothéliale est un facteur prédictif de microalbuminurie (dans les six ans à venir). Et une part non négligeable de la surmortalité due à la microalbuminurie pourrait être expliquée par la dysfonction endothéliale.
Microcirculation nutritive et non nutritive.
Le troisième paramètre de la dysfonction vasculaire concerne les troubles de la microcirculation, ou plus précisément la microcirculation non nutritive. En effet, il semble qu'il faille distinguer une microcirculation nutritive d'une microcirculation non nutritive. La première est associée à une bonne sensibilité à l'insuline ; alors que la seconde est liée à une insulinorésistance. Or le vieillissement, un bas poids de naissance, une obésité et un état inflammatoire altèrent cette microcirculation nutritive. Un travail a montré, chez des rats obèses ou des rats traités par le TNFalpha (état inflammatoire), que l'insuline perd son pouvoir vasodilatateur et est associée à une vasoconstriction, favorisant l'insulinorésistance.
Une meilleure compréhension de la genèse de la dysfonction vasculaire et de sa responsabilité dans la surmortalité liée au diabète pourrait permettre d'affiner les stratégies de prévention de la maladie.
D'après un entretien avec le Dr Christophe Antoine
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature