On se rappelle que l'équipe de Khani-Hanjani a, l'an dernier, rapporté chez des Canadiens une forte association entre un polymorphisme du gène de l'interféron gamma et la susceptibilité à la polyarthrite rhumatoïde ou sa sévérité (« Lancet » 2000 ; 356 : 820-825).
Une équipe toulousaine a voulu savoir si cette association existe également chez des patients français. Elle a donc mis en place une étude chez 103 patients (80 femmes et 23 hommes) suivis dans le service de rhumatologie de l'hôpital Rangueil. Tous répondaient aux points suivants : critères 1987 de l'American College of Rheumatology (au moins quatre critères), maladie évoluant depuis moins de un an, âge de plus de 16 ans. Les évaluations comprenaient des examens cliniques, fonctionnels et biologiques, et comportaient des radiographies des mains et des pieds.
Un score radiographique
Toutes les radiographies étaient cotées par un même examinateur selon la méthode modifiée Sharp/van der Heijde. Le score radiographique total était utilisé pour déterminer la sévérité de la polyarthrite au bout de quatre années de suivi. Un groupe contrôle de 89 femmes et de 41 hommes était constitué par des sujets d'ethnie blanche, non apparentés, en bonne santé, de la région de Toulouse.
Sans entrer dans les détails, les résultats obtenus par les Toulousains diffèrent de ceux obtenus l'an dernier par Khani-Hanjani et coll. et ne soutiennent pas une association entre un polymorphisme du gène de l'interféron gamma et la susceptibilité à la PR ou sa sévérité. Comment l'expliquer ? Les deux études, estiment les Toulousains, diffèrent sur deux points majeurs.
Premièrement, dans leur étude prospective longitudinale, ils ont mesuré la sévérité de la maladie avec un score radiographique bien établi et largement utilisé, alors que Khani-Hanjani et coll. se fondaient sur le traitement pour classer la maladie en sévère ou modérée.
Deuxièmement, il y a, entre les deux études, une différence en ce qui concerne la distribution allélique chez les sujets sains contrôles. Chez les contrôles français, la fréquence allélique était du même ordre de grandeur que celle d'autres populations saines européennes (Allemagne, Suède, Grande-Bretagne, Sardaigne) : plus de 60 % pour les allèles 12R et 13R et moins de 1 % pour 11R. Alors que Khani-Hanjani et coll. ont retrouvé des taux de 12 % pour 13R et de 80 % pour 11R, tant chez les contrôles que chez les sujets ayant une forme légère de la maladie. Or, puisque la population blanche canadienne est en général d'ascendance canadienne, on se serait attendu à une distribution allélique semblable à celle des Européens. Reste à expliquer les différences observées entre les cas et les contrôles dans l'étude canadienne.
A. Constantin, F. Navaux, V. Lauwers-Cancès, M. Abbal, J. P. M. van Meerwijk, B. Mazières, A. Cambon-Thomsen et A. Cantagrel. « Lancet » du 15 décembre 2001, pp. 2051-2052.
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