Le Généraliste : Lorsque le Pr Grünfeld a remis son rapport de préconisation pour le plan cancer 2 au président de la République, il l’avait intitulé pour un nouvel élan, est-ce à dire que le premier s’essoufflait ?
Sur le plan de la prévention, on ne peut pas dire que le plan cancer 1 n’a pas eu d’élan. Quand Jacques Chirac a dit qu’il déclarait la guerre contre le tabac, cela a engendré une réelle mobilisation. En revanche, sur le plan de l’intervention du médecin généraliste cela a été beaucoup plus faible. Il faut absolument introduire l’idée d’une consultation de prévention, reconnue, et rémunérée à sa juste valeur.
Les pouvoirs publics ont ainsi privilégié l’aide au sevrage tabagique, mais ont négligé ce qu’on appelle l’avis minium. Si un généraliste pose la question à tous ses patients quelque soit leur motif de consultation, "fumez-vous" et "si oui voulez-vous arrêter ?", on sait, depuis des études réalisées en Angleterre et en France, en région Paca, que cela entraîne un arrêt vérifié de 2 à 3 % supérieur à la population contrôle. Cela peut paraître très faible, mais si tous les généralistes faisaient cela, cela ferait quelques centaines de milliers d’arrêts chaque année.
Qu’attendez-vous du plan cancer 2 ?
D’une part, si on veut vraiment que le généraliste soit cet élément indispensable des actions d’information, de formation et de prévention primaire comme secondaire, il faut reconnaître que ces consultations sont avant tout du temps d’écoute qui ne sont aujourd’hui absolument pas aujourd’hui dans les possibilités matérielles du généraliste. Donc, encore une fois leur permettre de se former et les rémunérer pour ce faire.
Mais j’attends aussi que le prix de vente du tabac au détail soit augmenté au minimum de 10% et que ce soit répété pendant la durée du plan cancer tous les ans. Et surtout qu’il y ait une modification de la structure des taxes. Elles représentent 75% du prix du tabac – soit 13 milliards d’euros - , mais leur structure fait qu’il y en a très peu, seulement 7%, qui rentrent dans le budget dévolu à la Santé. Ce qui veut dire qu’on pourrait financer le plan cancer, enrayer la hausse du forfait hospitalier et partiellement combler le déficit de la sécurité sociale. Je demande donc un arbitrage au plus haut sommet de l’Etat.
La récente création des Agences régionales de santé ouvre-t-elle la porte à de meilleures actions de prévention?
Difficile de répondre. La dénomination a du sens, mais est-ce que la partie prévention dans ces agences, c’est à dire la protection de la population à l’égard des facteurs de risque du cancer, va avoir toute sa place ? Je ne sais pas. Je crains beaucoup qu’une fois de plus l’aspect curatif soit privilégié. Mais je ne veux pas faire de procès d’intention.
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