CONGRES HEBDO
Le PPAR-gamma (peroxisome proliferator-activated receptor-gamma) appartient à un groupe de récepteurs nucléaires de la même famille que ceux qui lient les stéroïdes, les hormones thyroïdiennes, la vitamine D et les rétinoïdes. PPAR-gamma est activé spécifiquement par des ligands naturels de l'organisme, notamment des acides gras polyinsaturés ainsi que par des molécules de synthèse (comme les antidiabétiques de la famille des glitazones). Le premier rôle du PPAR-gamma a été mis en évidence au niveau de la différenciation des adipocytes et du métabolisme des lipides. Mais, souligne le Dr Marina Pretolani, directeur de recherche à l'INSERM (1) « on s'est aperçu, depuis quelques années, que PPAR-gamma régule également un grand nombre de fonctions cellulaires, en particulier la différenciation non adipocytaire (notamment celle des macrophages), la prolifération, l'apoptose et la synthèse de cytokines pro-inflammatoires ». Autrement dit, l'activation du récepteur PPAR-gamma par des agonistes de la famille des glitazones entraîne une baisse de la réponse cellulaire et notamment une action anti-inflammatoire et antiproliférative, avec une induction fréquente de l'apoptose et une action sur la différenciation cellulaire. Il s'agit donc là d'un faisceau d'arguments qui pourrait laisser penser que, au-delà de son application dans les problèmes de métabolisme lipidique et dans le diabète, PPAR-gamma aurait une fonction sur l'homéostasie cellulaire, et pourquoi pas dans les maladies inflammatoires caractérisées par un remodelage tissulaire, un excès de prolifération, un déficit d'apoptose et une activation cellulaire, comme l'asthme.
Des récepteurs présents dans la paroi bronchique
Forte de ces connaissances, l'équipe du Dr Pretolani a mené un premier travail afin de rechercher la présence de ces récepteurs au niveau de la paroi bronchique de malades asthmatiques recrutés dans le service de pneumologie du Pr Michel Aubier (2). Une cohorte a ainsi été constituée avec 8 patients témoins et 35 patients asthmatiques de différente sévérité, traités ou non par des corticoïdes. L'équipe du Dr Pretolani a tout d'abord cherché la présence du récepteur dans la paroi bronchique, puis quelles cellules exprimaient ce récepteur, si son expression était régulée dans l'asthme et, enfin, si l'expression du récepteur pouvait varier lors du traitement de ces malades par des corticoïdes. Ces recherches ont été fructueuses puisque les premiers résultats montrent la présence de PPAR-gamma essentiellement au niveau des cellules de structure (épithélium bronchique, fibroblastes et cellules musculaires lisses), mais aussi au niveau des leucocytes, plus particulièrement des éosinophiles et les macrophages.
L'hypothèse d'un déficit endogène
« L'expression de PPAR-gamma est augmentée chez les asthmatiques par rapport aux témoins, souligne le Dr Pretolani , et elle diminue lorsque les malades sont traités par corticoïdes. » Aussi la question se pose de savoir si l'expression baisse sous l'effet de la corticothérapie, autrement dit si l'expression du PPAR-gamma est une cible directe des corticoïdes. Auquel cas, il serait un marqueur de l'inflammation parmi d'autres, qui augmente en cas d'inflammation bronchique et qui diminue sous corticothérapie. Une autre hypothèse, émise par le Dr Pretolani, serait que « les patients traités par corticoïdes étant ceux qui souffrent d'un asthme plus sévère, la baisse du PPAR-gamma pourrait refléter un déficit endogène de ce récepteur et non pas le résultat de la corticothérapie. Et si l'on considère PPAR-gamma comme étant un médiateur endogène anti-inflammatoire et antiprolifératif, un déficit de son expression pourrait entretenir l'inflammation et le remodelage bronchique dans l'asthme ».
(1)D'après un entretien avec le Dr Marina Pretolani, directeur de recherche INSERM U408, faculté de médecine Xavier-Bichat, Paris.
(2) Hôpital Bichat, Paris
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature