LE QUOTIDIEN - La question de la santé du président de la République doit-elle rester un sujet privé, ou nécessite-t-elle d’être traitée dans le débat public ?
PHILIPPE POUTOU - Partisans de la transparence, nous savons que la santé des présidents de la Ve République devrait être un sujet public. Mais monarchie républicaine et concentration personnelle des pouvoirs font que la santé des présidents est devenue une affaire d’État, un mensonge d’État permanent.
Quels enseignements tirez-vous des événements survenus à cet égard lors des mandats de Georges Pompidou et de François Mitterrand ?
De Pompidou à Mitterrand, les présidents ont caché leurs maladies de Waldenstrom ou leur cancer de la prostate métastasé. Sarkozy son opération d’un abcès de la gorge. Mitterrand s’était engagé à rompre avec le secret médical et les mensonges d’État. Pourtant il dissimula, lui aussi, la longue évolution de son cancer. Sarkozy a été secrètement hospitalisé au Val de Grâce pour un phlegmon de la gorge, loin des promesses de campagne du candidat.
Nous sommes pour en finir avec l’hyperprésidence qui caractérise la Ve République et donc avec la nécessité du secret médical d’État. Nous voulons supprimer la fonction présidentielle pour la remplacer par un gouvernement contrôlé par le peuple et pour le peuple, avec une rotation des élus et une limitation stricte des mandats.
Envisagez-vous de prendre personnellement des engagements pour garantir, si vous êtes élu, la transparence au sujet de l’information sur votre santé ?
Tous les engagements ont déjà été proclamés. Et jamais tenus. Le seul moyen d’éviter le mensonge d’État, c’est d’en finir avec le président tout puissant, qui ne peut jamais être malade. À ce moment-là seulement, on pourra croire ceux qui parlent de communiquer régulièrement un bulletin de santé médical.
Moi je travaille en usine. Une visite du travail, j’en passe tous les ans. Pourquoi le président n’y serait-il pas soumis également ?
Pensez-vous que la Constitution soit suffisamment précise pour les cas d’empêchement médical du président ?
Le problème n’est pas la précision de la Constitution, mais tous les pouvoirs concentrés sur une seule personne, y compris le pouvoir de mentir, comme Pompidou ou Mitterrand, sur leur état de santé.
En tant que candidat, êtes-vous disposé à fournir des informations concernant votre état de santé actuel ?
Tous les candidats vont vous le promettre une main sur le cœur. Cela me fait penser que l’espérance de vie des salariés est de sept ans inférieure à celle des classes supérieures et qu’il faut que j’aille me faire faire un bilan chez mon médecin. Entre l’usine et la campagne, il faudra que je trouve encore le temps !
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