En novembre dernier, 17 % seulement de la population s’étaient fait vacciner ou exprimaient l’intention de le faire. Le pourcentage, estimé par les chercheurs de l’unité 912 de l’Inserm, renvoie à quelque chose près aux chiffres officiels : 5,7 millions d’individus, soit moins d’un cinquième de nos concitoyens a accepté de se faire vacciner, alors même que l’injection était gratuite, et que les moyens et la campagne déployée par les pouvoirs publics étaient sans commune mesure avec une campagne classique visant la grippe saisonnière. L’enquête menée à grande échelle auprès de 2 253 individus majeurs* montre que deux facteurs ont joué pour expliquer les réticences de la population : les Français n’ont pas eu peur de la maladie, mais ils ont eu peur du vaccin. « Nos résultats montrent que les messages sanitaires sur le risque pandémique ont été contrebalancés par le vécu rassurant de la grippe au quotidien, alors que la crainte de risques éventuels du vaccin était la principale préoccupation » souligne Jean-Paul Moatti, directeur de l’unité 912.
De fait, il est clair que le sentiment d’innocuité du virus s’est imposé à partir de l’automne, au moment même où les doses étaient disponibles. À une semaine du pic de l’épidémie, date de réalisation de l’enquête, seules 35 % des personnes interrogées jugeaient en effet la grippe comme une maladie « sévère » ou « très sévère ». On peut bien entendu penser que si la croissance du nombre de cas mortels avait été exponentielle dès le mois de septembre, une grande partie des réticences de la population aurait été levée.
Mais dans ce contexte, d’une épidémie importante, mais moins agressive que prévue, les doutes sur le vaccin lui-même expliquent l’abstention d’une grande partie de la population. Parmi les personnes qui ont refusé la vaccination, pas moins de 71 % des Français émettent des doutes sur la sécurité du vaccin, et presque la même proportion (68,4 %) cite les « effets secondaires du vaccin » comme une bonne raison de ne pas se faire vacciner.
Reste qu’il se confirme que les pouvoirs publics auraient été bien inspirés de mettre, d’une manière ou d’une autre, les médecins traitants dans le coup. L’étude de l’Inserm le confirme indirectement, puisqu’elle montre que près de 60 % des personnes ayant reçu une recommandation médicale en faveur de la vaccination se déclaraient prêtes à se faire vacciner. En l’absence d’incitations données par le médecin, la proportion de compliants n’était plus que de 11 %.
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