L'augmentation constante du diabète de type 1, rapportée en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, soulève de multiples questions. En France, elle ne semble pas être une conséquence du changement survenu dans la définition de la maladie (glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l ou 7 mmol/l à deux reprises au lieu de 1,4 g/l ou 7/7 mmol, ou glycémie supérieure à 2 g ou 11,1 mmol/l à n'importe quel moment de la journée). Elle n'est pas non plus liée à un changement de pratique diagnostique ni à un meilleur dépistage. Elle ne reflète pas, sur une si courte période, une modification génétique de la population, mais serait plutôt liée à une interaction entre facteurs environnementaux et prédisposition génétique. On sait que l'hyperglycémie par carence insulinique qui caractérise la maladie est due à une destruction auto-immune des cellules insulino-sécrétrices du pancréas, les cellules bêta. Le diabète apparaît lorsqu'il n'existe plus que 10 % de cellules bêta.
Parmi les facteurs qui jouent un rôle dans la survenue de l'affection, on trouve :
–La susceptibilité génétique: elle implique le système HLA (HLA DR3/DR4) dans 50 % des cas ; dans 10 % des cas, le variant de susceptibilité se trouve dans la région du gène de l'insuline, appelé IDDM2, polymorphisme 5' du gène de l'insuline (VNTR-INS). La présence de l'allèle à risque du VNTR-INS augmente le risque, en particulier chez les personnes qui n'expriment pas le locus HLA de susceptibilité. D'autres loci sont également mis en cause mais sont mal connus. Cependant, on sait que seulement 10 % des personnes génétiquement susceptibles développent la maladie.
–Le risque familial: le risque de développer un diabète de type 1 est plus élevé en cas d'antécédents familiaux. La transmission se ferait préférentiellement d'un père à sa fille, et de façon plus prépondérante dans le diabète qui touche les 0-4 ans.
–Auto-immunité: l'apparition d'auto-anticorps est le premier signe détectable. Actuellement, quatre ont été identifiés : anti-îlots (islet cell antibodies, ICA), anti-insuline (insulin antibodies, IAAs), anti-GAD (décarboxylase de l'acide glutamique), anticorps contre la tyrosine phosphatase membranaire (anti-IA2). La positivité de trois ou quatre de ces anticorps est associée à un risque élevé (entre 60 et 100 %) de développer la maladie au cours des cinq ou six années suivantes.
–Maladie auto-immune/maladie infectieuse: plusieurs observations suggèrent une relation entre la diminution de l'incidence des maladies infectieuses et l'augmentation des maladies auto-immunes, ce qui suppose un effet protecteur des infections contre les maladies auto-immunes. La réduction du contact microbien à un âge précoce limiterait la stimulation des mécanismes de défense immune. La maturation insuffisante du système immunitaire dans les deux premières années de vie exposerait à une plus grande susceptibilité aux maladies auto-immunes.
–Facteurs environnementaux: 1) Les pratiques alimentaires. Des études suggèrent le rôle de l'introduction précoce de produits laitiers dans l'alimentation infantile, indépendamment de la durée de l'allaitement. L'introduction précoce de protéines du lait de vache chez des enfants à prédisposition génétique pourrait constituer un facteur de risque supplémentaire de diabète de type 1. La protéine incriminée serait le sérum albumine bovine. Ces résultats sont encore débattus.
L'introduction précoce de céréales, d'aliments contenant du gluten, de fruits, de baies et de tubercules aurait le même effet. La vitamine D serait, elle, protectrice.
2) L'exposition à des entérovirus, en particulier le virus Coxsackie B pendant la période périnatale, pourrait favoriser la survenue de la maladie. La saisonnalité du diagnostic de diabète, qui connaît un pic hivernal dans tous les pays d'Europe, milite en faveur de cette hypothèse.
3) L'exposition aux toxiques : la streptozotocine, un antibiotique identifié vers la fin des années 1950, s'est révélée sélectivement toxique aux cellules bêta. Elle est désormais utilisée comme modèle animal de diabète de type 1.
–Diabète et vaccinations: les rumeurs ou hypothèses qui évoquent une relation entre diabète de type 1 et vaccinations n'ont jamais été démontrées.
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