DE NOTRE CORRESPONDANT
PLUS QU’à UNE POUPéE, le personnage imaginé par Claire Jolly, ergothérapeute en pédopsychiatrie, et Maxime Jambu, éducateur de jeunes enfants dans le service de pédiatrie du CHU de Nantes, ressemble à un mannequin. Taille : 1,10 m. Poids : 1 kg. Apparence : habillée « jeune », avec tennis, jean et sweet. Toubidout – c’est son nom – n’est pas un nouveau jouet mis à la disposition des enfants et des jeunes adolescents accueillis dans le service, mais un outil pédagogique qui devrait faciliter la réalisation des soins.
Tout a commencé par un « BK tubage » effectué sur un enfant de 8 ans soupçonné d’avoir contracté une tuberculose. «Lors des deux premières séances, l’enfant hurlait, explique Maxime Jambu, un des promoteurs du projet. Le soignant a eu recours à une poupée en plastique. La troisième séance s’est très bien passée.» Même constat avec un enfant de 4 ans diabétique qui criait quand on lui faisait des piqûres d’insuline.
«La présence d’une poupée a permis de dédramatiser les soins», souligne l’éducateur de jeunes enfants. Des « poupées malades » existent déjà, aux Etats-Unis et au Québec, mais leur potentiel d’utilisation est limité et leur coût élevé. D’où l’idée de créer de toutes pièces un tel objet.
Pour concevoir et réaliser une poupée qui donne envie aux enfants de la toucher, et qui soit adaptée aux besoins des professionnels, de multiples rencontres ont eu lieu entre Isabelle Joly, une artiste spécialisée dans la fabrication des marionnettes, et les spécialistes (cardiologues, pneumologues, néphrologues, gastro-entérologues…).
Une démonstration ludique.
«Prévenir l’enfant qu’on va lui mettre une sonde dans le nez n’a pas pour effet de le rassurer complètement, résume Maxime Jambu. Le médecin peut accompagner ses explications d’un geste pour montrer sur Toubidout comment il va passer une sonde naso-gastrique.»Idem pour une stomie, un acte difficile à expliquer, même par un dessin. Pour la cardiologie, trois voies d’accès ont été créées : une pour montrer la pose d’un cathéter, une pour montrer comment on accède à la crosse aortique et la dernière qui concerne le cathétérisme cardiaque.
Pour simplifier autant que possible la démonstration, les organes, mais aussi des « cicatrices » sont regroupés dans un sac et utilisés en fonction des besoins. Par un système de scratchs, ils sont alors fixés au bon endroit. Et pour rendre l’exercice plus ludique, le médecin peut se transformer en ventriloque, car Toubidout permet ce genre d’exercice.
Dès sa présentation il y a quelques jours, les soignants ont manifesté leur intérêt pour la poupée. Un seul exemplaire a pu être fabriqué pour le moment, grâce à un don de 2 000 euros de l’association Union nationale des insuffisants rénaux, et son usage est limité à certains services de la pédiatrie. Mais l’idée est d’avoir d’autres exemplaires pour l’ensemble de la pédiatrie.
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