Livres
Caton, c'est bien entendu André Bercoff. Un journaliste-polémiste qui a signé dans les plus grands quotidiens et hebdomadaires et qui vient d'ailleurs d'être nommé directeur de la rédaction à « France Soir ». Un homme de télévision aussi et surtout un écrivain qui, depuis son premier titre en 1975, « L'autre France », a publié une vingtaine d'essais et de romans sous divers pseudonymes ; dont celui de Caton, qu'il a dévoilé lors d'un mémorable plateau d'« Apostrophes » il y a vingt ans.
La plume toujours acérée et l'esprit lucide, Caton s'élève dans cet essai contre la mollesse et la morosité ambiantes, qui sont le quotidien de chacun et des hommes politiques. Une situation qui s'est installée peu à peu depuis une vingtaine d'années mais qui, estime l'auteur, ne peut plus durer : Ben Laden est passé par là, et sa cohorte d'exacerbations. Selon lui la démission est partout, ou ce qu'il appelle la « sidération ». Qu'il s'agisse des dizaines de passagers d'un métro subissant sans mot dire la fumée de cigarette d'un voyageur imposant sa loi du plus fort ou de ceux que l'on appelle encore nos élites à l'heure du World Trade Center et de Bali, de Kaboul et de Peshawar, partout, déplore-t-il, c'est la même attitude de repli.
Or, la seule question qui vaille est celle-ci : « Dans quel régime, dans quel système, avons-nous envie de vivre, quel air avons-nous envie de respirer ? Autant il importe de combattre l'hypocrisie occidentale qui consiste à protéger les pays nantis et à ignorer la misère et la pollution, autant, aujourd'hui, l'on s'aperçoit que le droit d'ingérence ne peut plus être seulement humanitaire, sauf à sombrer dans l'impuissance, et que, de temps en temps, pour combattre les dictatures, la guerre, même préventive, n'est pas toujours la pire des solutions. »
Voilà qui est clair. L'auteur cependant ne s'adresse pas seulement aux politiques mais à chacun d'entre nous en démontrant, exemples à l'appui, que la démission personnelle et permanente face à l'agression, quelle qu'elle soit, constitue bien le premier échelon basique de la mollesse généralisée. Il appelle en conséquence, sinon à l'héroïsme individuel, du moins à rentrer en dissidence, face à l'uniformisation des goûts façonnés par la publicité et le spectacle, à arrêter de se plaindre et à réagir.
A l'échelon collectif, il se prononce pour une République mondiale, avec des autorités exécutive, législative et judiciaire séparées et aptes à jouer le rôle qu'elles essayent de remplir aujourd'hui dans les pays démocratiques.
Ce mondial-républicanisme est pour lui l'enjeu majeur de ce XXIe siècle et la seule façon de sortir des impasses qui depuis quelques années se précisent : les banlieues, Le Pen, le communautarisme, le voile, le chômage, la décroissance, les frustrations, la violence scolaire, l'analphabétisation, cite-t-il dans le désordre. « La marche des siècles a cessé depuis longtemps de se faire à quatre pattes, la tête dans le sable, la peur au ventre, et l'irresponsabilité illimitée ». Dont acte.
Editions Flammarion, 232 p., 15 euros
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