« Trois cent mille personnes en France sont atteintes de rhumatismes inflammatoires, au premier rang desquels il faut citer la polyarthrite rhumatoïde (PR) », a expliqué le Pr Jean Sibilia (hôpital Hautepierre, Strasbourg). Or leur gravité, liée, d'une part, aux destructions articulaires irréversibles, responsables d'un handicap quotidien et socioprofessionnel et, d'autre part, aux lésions viscérales sévères éventuelles, est souvent sous-estimée. L'objectif en 2003 est donc de savoir diagnostiquer précocement un rhumatisme inflammatoire potentiellement agressif afin d'instituer une prise en charge le plus tôt possible. Le Pr Bernard Combe (CHU Lapeyronie, Montpellier) a ainsi souligné que « le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) doit être débuté précocement : de trois à six mois après l'apparition de la maladie », l'objectif étant d'obtenir une rémission de la maladie.
A cet égard, le rôle du médecin traitant est primordial. Il doit savoir informer le patient, identifier les PR susceptibles de bénéficier d'une biothérapie et les surveiller (actuellement, 8 000 patients sont traités par biothérapie). D'où l'intérêt d'un réseau régional de prise en charge des affections rhumatismales inflammatoires.
L'intérêt des coxibs
Par ailleurs, en matière de traitement symptomatique, « des complications digestives sont constatées chez 1 à 2 % des patients en moyenne traités par AINS conventionnels avec une mortalité non négligeable », a souligné le Pr René-Marc Flipo (CHU Roger-Salengro, Lille). L'évaluation des facteurs de risque constitue la première étape de la prévention : l'âge (> 65 ans), les antécédents d'ulcère, l'existence d'une maladie générale sévère, la coprescription de corticoïdes ou d'anticoagulants et l'infection à Helicobacter pylori. Si l'association du misoprostol ou d'un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) à un AINS est relativement fréquente en pratique quotidienne, les coxibs représentent également une option thérapeutique intéressante. « En effet, les patients souhaitent une amélioration du rapport bénéfice/risque des AINS. Et les coxibs répondent à cette attente », a rapporté le Pr Philippe Goupille (CHU Trousseau, Tours). C'est ce qu'il ressort d'une enquête réalisée chez 401 patients souffrant de douleurs rhumatologiques et traités par AINS conventionnels : dans 43 % des cas, ils souhaitent une réduction des problèmes de tolérance digestive. « Les coxibs possèdent une efficacité et un profil de tolérance favorable qui justifient leur prescription », a ajouté le Pr Jean Sibilia. En outre, ils n'ont pas d'effet antiagrégant plaquettaire. « Les coxibs sont aussi efficaces que les AINS conventionnels sur la douleur et l'inflammation et ils ont un profil de tolérance digestive très supérieur », a rappelé le Pr Thierry Schaeverbeke (CHU Pellegrin, Bordeaux). En revanche, ils ont la même toxicité rénale.
Il a ainsi été montré que l'efficacité des coxibs était supérieure à celle d'un placebo et équivalente à celle des AINS. C'est le cas du rofecoxib (25 mg) et du celecoxib (200 et 400 mg) dans l'arthrose de la hanche et du genou. Il en est de même dans la polyarthrite rhumatoïde.
Amphi parrainé par les Laboratoires MSD-Chibret, d'après la communication du Pr Philippe Goupille (Tours)
La cohorte ESPOIR pour mieux connaître la PR
Lancée en novembre sous l'égide de la Société française de rhumatologie et de l'INSERM, la cohorte ESPOIR est la plus vaste étude clinique jamais réalisée sur la polyarthrite rhumatoïde. Les équipes de 14 CHU y participent. « Elle sera constituée de 800 patients présentant un rhumatisme inflammatoire depuis moins de six mois, non encore traité, qui seront suivis pendant dix ans », a précisé le Pr Maxime Dougados (CHU Cochin, Paris). L'objectif est de constituer une banque de données cliniques et de valider les critères de diagnostic et de pronostic de la maladie.
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