CETTE SITUATION correspond à la conjonction de différents facteurs parmi lesquels :
- une prescription excessive d'antibiotiques en médecine de ville, notamment pour le traitement d'infections respiratoires courantes (bronchites du sujet sain, rhino-pharyngite de l'enfant, angine...) qui, bien souvent, ne sont pas bactériennes ;
- une mauvaise utilisation des antibiotiques (choix de molécules non adaptées à la pathologie, sous-dosées, durées de traitements parfois inutilement prolongées ;
- le non-respect des prescriptions par les patients qui ne conduisent pas leur traitement à terme, ce qui contribue au développement de mécanismes de résistance.
Compte tenu de l'évolution des résistances bactériennes au cours de ces quinze dernières années, comme en témoigne l'augmentation très importante du taux de pneumocoques résistants aux bêtalactamines (de staphylocoques résistants à la méthicilline, d' Escherichia coli résistants aux aminopénicillines et aux fluoroquinolones, etc.), promouvoir le bon usage des antibiotiques est un enjeu majeur.
L'objectif principal est de réserver la prescription aux situations cliniques où leur efficacité a été démontrée, en choisissant l'antibiotique adapté et, pour ce faire, en s'aidant de tous les moyens disponibles.
Pour le Pr D. Peyramond. « Le traitement de l'angine, pathologie banale et fréquente, est un bon exemple : différentes études ont montré que si les médecins utilisaient un test de diagnostic précoce et soumettaient leur décision de traiter au résultat de ce test (en cas de test négatif, aucune antibiothérapie n'est recommandé, sauf en présence de facteurs de risque listés), on obtiendrait une réduction des prescriptions de plus de 50 %. »
Lorsque l'origine bactérienne est confirmée, il convient de choisir un antibiotique ayant fait la preuve de son efficacité dans cette situation, en tenant compte du niveau actuel des résistances bactériennes.
Dans cette démarche indispensable vers la qualité, le praticien doit s'appuyer sur les Recommandations de Bonne Pratique sur l'antibiothérapie en pratique courante élaborées par l'Afssaps pour le traitement des infections respiratoires communautaires qui représentent près de 80 % des causes de consultations en pratique de ville, tous âges confondus. L'application de ces recommandations adaptées à chaque type de situation (rhino-pharyngite aiguë, angine aiguë, otite moyenne aiguë, sinusite, exacerbations de bronchite chronique, pneumonie communautaire...) est fondamentale pour une prescription justifiée et raisonnée des antibiotiques, classe thérapeutique qui permet de traiter avec succès nombre d'infections bactériennes et dont il est indispensable de préserver l'efficacité pour le futur.
D'après un entretien avec le Pr Dominique Peyramond (Lyon). Amphi « Antibiothérapie : priorité à la qualité », parrainé par Sanofi-Aventis. Vendredi 18 mars de 10 h à 13 h 15.
Pour s'inscrire : www.lemedec.com ou secretariat@lemedec.com.
Renseignements : 0800.204.408.
Passé et avenir
Au début du XXe siècle, les maladies bactériennes étaient la principale cause de décès.
La tuberculose, la syphilis, la diphtérie, la pneumonie pour n'en citer que quelques-unes faisaient des ravages.
La découverte des antibiotiques a constitué une véritable révolution thérapeutique et a permis de sauver des millions de vies.
La découverte de la pénicilline puis, quelques années plus tard, de la streptomycine a ouvert la voie à plusieurs familles d'antibiotiques.
On dispose aujourd'hui de nombreuses molécules dont la diversité et les modes d'action devraient permettre de contrôler la plupart des infections bactériennes si ne se posait le problème des résistances aux antibiotiques, conséquence de l'écologie microbienne. En effet, selon les espèces, les bactéries peuvent présenter une résistance naturelle ou une résistance acquise à un ou plusieurs antibiotiques.
Qu'attendre des antibiotiques de demain ? « Pour l'avenir, nous avons besoin non pas tant d'antibiotiques à spectres élargis dont l'impact écologique pourrait être important que de molécules ciblées sur des pathologies spécifiques », précise le Dr Antoine Andremont (hôpital Bichat - Claude-Bernard, Paris) en soulignant que de nouvelles voies de recherche sur les moyens de contrecarrer le développement de résistance pourraient se développer dans les années à venir.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature