DEPUIS 2002, l'Organisation mondiale de la santé a mis en place une stratégie globale pour la promotion d'une médecine traditionnelle sûre et efficace. L'accès sans risque à de telles thérapies pourrait être déterminant dans les pays en développement où plus d'un tiers des habitants n'ont pas accès aux médicaments essentiels. L'OMS participe d'ailleurs à l'évaluation de plantes médicinales contre le paludisme ( Artemisia annua), contre le VIH/sida, l'anémie drépanocytaire ou le diabète sucré. Dans les pays occidentaux, où 25 % des médicaments modernes sont à base de plantes - dont l'usage était au départ traditionnel -, la « médecine complémentaire » ou « parallèle », équivalent de la médecine traditionnelle, se développe : 70 % des Canadiens par exemple y ont recours au moins une fois dans leur vie et 90 % des Allemands ont pris un remède naturel. Aux Etats-Unis, 17 milliards de dollars ont été consacrés à la médecine parallèle en 2000.
Un marché de 60 milliards.
Selon l'OMS, « le marché mondial des plantes médicinales, en expansion rapide, représente actuellement plus de 60 milliards de dollars ».
S'ils sont facilement accessibles, ces phytomédicaments peuvent ne pas être inoffensifs et leur utilisation à grande échelle est une menace pour la biodiversité avec un risque de disparition de certaines plantes.
Les lignes directrices pour les bonnes pratiques de culture et de récoltes que publie l'organisation mondiale ont pour but d'assurer une production sans danger et de bonne qualité, en s'appuyant sur des pratiques de culture écologiquement rationnelles. Du choix du site aux considérations sur le climat, sur le terrain et la détermination des semences et des plantes, aux méthodes de ramassage, de traitement après récolte, de transport ou de conservation, toutes les étapes sont passées en revue. De même sont fournies certaines données réglementaires comme les lois nationales et régionales sur les normes de qualité ou les brevets.
Intoxications.
L'une des principales causes des effets indésirables observées lors de l'utilisation de certaines plantes tient, en effet, à la mauvaise qualité de la matière première utilisée (contamination involontaire par des agents microbiens ou chimiques) ou encore à des erreurs de détermination des espèces et à une contamination par d'autres espèces.
Des cas d'intoxication ont été répertoriés aux Etats-Unis après la substitution accidentelle de plantain, utilisé comme additif alimentaire, par de la digitale ( Digitalis Ianata), connue pour son rôle dans le traitement de certaines affections cardiaques. Les enquêtes ont révélé que, pendant au moins deux ans, d'importantes quantités de ce qu'on croyait être du plantain avaient été livrées à plus de 150 fabricants, distributeurs ou détaillants.
A Hong Kong, 14 cas d'intoxication sont survenus après l'absorption accidentelle, en raison d'une ressemblance, de racines de Podophyllum hexandrum à la place de Gentiana et Clematis, espèces utilisées pour leurs propriétés antivirales.
Des mesures comme la culture, plutôt que la récolte en milieu sauvage, pourraient réduire le risque de disparition de certaines espèces. Ainsi, la pervenche de Madagascar, qui entre dans la fabrication de traitements modernes contre la leucémie de l'enfant et la maladie de Hodgkin, est aujourd'hui abondamment cultivée en Espagne et aux Etats-Unis. Ce n'est pas le cas du Prunus africana, dont l'écorce est un remède naturel très populaire contre les troubles de la prostate dans certains pays européens comme l'Espagne. Des pratiques abusives provoquent la destruction des arbres sauvages en Afrique continentale et à Madagascar, alors que seule l'écorce est utile. Parmi les espèces les plus menacées recensées par l'OMS figurent également le ginseng sauvage, notamment américain, et l'hydraste du Canada.
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