En Inde, par rapport aux États-Unis, un pontage coronarien coûte dix fois moins cher, une prothèse de hanche cinq fois moins dans des conditions comparables de prise en charge. De nombreux pays ont commencé à prendre des positions solides et développent une politique d’accueil de patients étrangers, comme l’Allemagne, la Turquie, l’Inde, la Thaïlande, Singapour et la Malaisie.
Certains évaluent le marché au niveau mondial aux environs de 50 milliards de dollars avec une croissance à deux chiffres. L’Allemagne a ainsi accueilli en 2010, 77 000 patients en provenance d’autres pays européens, de Russie, des États du Golfe et des États-Unis, engendrant un chiffre d’affaires de près d’un milliard d’euros entre les frais de soins et de séjour. L’Inde parle d’accueillir un demi million de patients étrangers en 2015. Pour échapper aux coûts exorbitants du système de soins des États-Unis, près d’un million de leurs ressortissants vont se faire soigner à l’étranger.
Ces patients se déplacent pour des diagnostics, des check-up, des soins en chirurgie (orthopédie, chirurgie cardiaque, neurochirurgie, ophtalmologie…), en cardiologie, en cancérologie, en chirurgie esthétique et en dentaire.
Positions inexpugnables
La France dispose d’un système de santé dont les qualités sont largement reconnues dans le monde avec des professionnels de grande compétence et des établissements de soins et de recherche de grande réputation. Du fait de ces atouts, le secteur peut prendre sa place dans la compétition internationale et contribuer ainsi par son développement à la croissance, à l’emploi et au redressement de la balance commerciale du pays. Il faudrait entamer ce mouvement avant que nos concurrents, grâce à leur avance, ne prennent des positions inexpugnables. On voit, en particulier, que l’Allemagne une fois de plus montre son dynamisme à l’international.
La réglementation permet aux établissements de soins français d’accueillir des patients étrangers et de se faire rémunérer. Les ressources supplémentaires ainsi dégagées permettront d’accroître le niveau d’activité des établissements et de dégager des moyens supplémentaires pour améliorer la qualité des installations, des équipements et des soins ce qui profitera à tous les patients français ou étrangers.
Au-delà de ces aspects, la projection à l’international du secteur de soins français peut se faire dans d’autres domaines. Les besoins en formation des personnels médicaux et non médicaux sont très importants, en particulier dans les pays émergents. De plus, des personnels formés en France vont pouvoir, une fois rentrés chez eux, mettre en place des partenariats avec les établissements formateurs pour développer l’adressage de patients, des coopérations médicales (expertises, télémédecine…) et des collaborations en matière de recherche.
Enfin, le développement de nombreux pays suscite des besoins importants dans le domaine de l’organisation des soins et la construction d’infrastructures. La réponse à ces besoins peut se faire dans des domaines spécifiques ou au travers de solutions globales couvrant le conseil, la conception, la construction, l’équipement et le management d’infrastructures sanitaires. Dans ces domaines, la France dispose d’atouts au-delà d’un système de santé qui a fait ses preuves et d’établissements de soins de qualité pour se positionner à l’international avec des entreprises de conseil, de services et de construction de très bon niveau.
Si nous en avons la volonté, un cercle vertueux de développement et d’amélioration de la qualité des soins peut se mettre en oeuvre par la projection à l’international de tous ces acteurs, la mise en place de réseaux et de labellisation au-delà des frontières entre les établissements de soins et les acteurs de la recherche.
Pour réussir, ce mouvement vers l’international nécessite une évolution de la culture des différents acteurs, une bonne collaboration entre les établissements de soins et les entreprises spécialisées. Par ailleurs, afin d’éviter les déconvenues, l’impératif de qualité et les risques en tous genres étant plus élevés à l’international, les approches à ce niveau se doivent d’être très professionnelles pour définir les stratégies et soigner leur mise en oeuvre.
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