DE NOTRE CORRESPONDANTE
«UN DES PLUS GRAVES problèmes de notre société», c'est ainsi que le Dr Patrick Martre, président de la FFAMCE, qualifie les questions liées à la tierce personne et à la dépendance. Toulouse avait d'ailleurs été choisie pour accueillir ce 44e Congrès après que l'association de Midi-Pyrénées avait proposé ce thème, «un sujet susceptible d'intéresser un maximum de confrères experts», estime le Dr Jean-Pierre Lauthier, le président de l'AMEDOC (Association des médecins experts en dommage corporel) Midi-Pyrénées.
Les chiffres de l'INSEE sur la prise en charge du risque de dépendance sont éloquents. On comptait près de 13 millions de personnes dépendantes en 2005 et on estime qu'il y en aura plus de 22 millions en 2050. Pour le Dr Vincent Sahuc, médecin national MACIF, le rôle des médecins experts est au coeur du problème. «Nous allons vers une approche nouvelle du métier, qui doit être pluridisciplinaire: sanitaire, sociale, médico-sociale, qui prenne aussi en compte l'entourage de la personne.» Au cours de la journée, tous les aspects de la prise en charge des traumatismes ont été évoqués : affiner la mesure du handicap et de sa sévérité, apprécier les déficiences sous- jacentes, proposer des aides à mettre en place pour que les personnes puissent retrouver un chemin de vie.
Le président de la FFAMCE plaide, lui aussi, pour une approche globale et psychologique des personnes. «Nous devons tenir compte de l'environnement de la personne dépendante. Cela a un effet sur le gain possible d'autonomie de la personne. Il n'est absolument pas question de faire à la place de la personne, mais simplement de lui apprendre à faire avec ses moyens.» Selon lui, l'amélioration de la prise en charge de la dépendance passe par le développement de « maisons des quatre » sur tout le territoire. «Il existe actuellement trois ou quatre établissements en France, il en faudrait au moins un par département. Ces maisons équipées en domotique sont adaptées aux personnes handicapées, les gens parviennent à y garder une autonomie», insiste le Dr Martre. Selon lui, une dynamique s'est mise en place, le regard des gens a changé par rapport aux personnes handicapées, les médecins les considèrent aujourd'hui sous un angle médical et social, ils évoquent leur réadaptation à la vie. Seul frein pour la généralisation de ces établissements, les financements, car celles qui existent aujourd'hui sont financées exclusivement par des fonds privés. La France est donc largement déficitaire en ce qui concerne ce type de structures, mais le modèle ne pourra se développer que lorsque l'existant aura fait ses preuves. «Les maisons des quatre doivent fonctionner pendant trois à cinq ans, et il faudra encore patienter autant de temps pour mesurer la rééducation et la réinsertion des personnes qui y vivent», explique le Dr Martre.
Bientôt des référentiels.
Devant les représentants des 13 associations régionales présentes à Toulouse, le président de la FFAMCE a aussi fait le point sur les actualités de la fédération, notamment la poursuite de la mise en place de l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP). «Notre objectif est d'homogénéiser et d'améliorer les pratiques de prise en charge pendant l'acte médical. Nous allons pour cela créer des référentiels afin que chaque médecin expert puisse évaluer ses propres pratiques», explique le Dr Martre.
Trois référentiels sont attendus courant 2009. Le premier concerne le dossier médical en expertise, le deuxième, le rapport d'expertise médicale, le troisième, les cervicalgies traumatiques, un problème courant en accidentologie. «L'EPP est accueillie favorablement dans les cabinets de médecins experts car nous étions déjà engagés dans une démarche de qualité», estime le Dr Martre. La fédération travaille par ailleurs en partenariat avec l'AREDOC (Association pour l'étude de la réparation du dommage corporel), afin d'uniformiser les pratiques de prise en charge des blessés. L'objectif étant d'aboutir à une procédure d'accueil identique sur tout le territoire. «Les gens qui viennent sont fragilisés par leur traumatisme, ils ne nous ont pas choisis, il ne faut pas que l'expertise soit un traumatisme supplémentaire pour eux», détaille le président de la FFAMCE.
Les médecins experts se sont donné rendez-vous en 2009 à La Rochelle, où se tiendra le prochain congrès sur le thème des traumatismes et des personnes âgées. Autre sujet pour lequel les structures d'accueil sont largement déficitaires en France.
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