LA MEDECINE EN 2003
Depuis l'avènement de la fécondation in vitro (FIV), puis de l'injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) en 1991, des craintes relatives à la majoration éventuelle du risque de Spina bifida, d'ostéosarcome, de rétinoblastome, de syndrome de Beckwith-Wiedemann, etc., les enfants nés grâce à ces techniques ont fait l'objet de nombreuses publications. Au fur et à mesure de leur parution, ces études apparaissent souvent contradictoires, et force est de constater que, faute d'un suivi rigoureux, systématique, mené par des équipes indépendantes, voire par une agence nationale, il est encore bien délicat de fournir aux parents ou aux futurs parents une réponse précise à la question du « surrisque » auquel les techniques de PMA soumettraient leur enfant. Le seul point clairement élucidé dans ce domaine reste l'excès de morbi-mortalité liée de façon évidente aux grossesses multiples, largement supérieure tout au moins sur le plan quantitatif à celles dont seraient responsables les pathologies citées plus haut, dans les pays qui n'ont pas encore limité le nombre d'embryons implantés.
Plus de vingt ans après la naissance d'Amandine, un double problème de volonté et de méthodologie entrave encore, en France comme à l'étranger, la mise en uvre du suivi des enfants de la PMA. Les plus vieux d'entre eux, pourtant, sont aujourd'hui en âge de s'étonner que la question de la sécurité des techniques qui ont permis leur naissance ne soit toujours pas évaluée de façon indiscutable.
On sait toutefois que la plus grande fréquence d'anomalies chromosomiques rencontrées chez l'homme infertile a toute les chances d'être également observée chez l'enfant né par ICSI. L'hypothèse d'une « stérilité transmise de père en fils » grâce à cette technique ne peut donc être d'emblée écartée, même si l'on ne dispose pas du recul suffisant pour l'affirmer. Il s'ensuit donc que l'ICSI ne doit pas être entreprise à la légère, mais après un bilan génétique du couple infertile.
Si 2003 n'a donc pas apporté de réponse définitive à la question des risques réels de l'ICSI chez l'enfant, elle a été marquée par la première maturation ovocytaire in vitro réalisée au mois de juin par l'équipe de René Frydman à l'hôpital Antoine-Béclère (Clamart). Cette technique, qui s'adresse avant tout aux femmes qui présentent un syndrome des ovaires polykystiques chez lesquelles la stimulation ovarienne représenterait un risque trop lourd d'hyperstimulation, consiste à prélever au huitième jour une dizaine d'ovocytes immatures. Ces derniers sont alors soumis pendant vingt-quatre à quarante-huit heures à un processus de maturation in vitro, puis micro-injectés. Six grossesses ont ainsi été obtenues par l'équipe clamartoise : trois grossesses évolutives et trois accouchements.
D'après un entretien avec le Pr René Frydman, chef du service de gynécologie-obstétrique, médecine de la reproduction, hôpital Antoine-Béclère, Clamart.
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