Comme prévu, les députés ont rejeté jeudi la proposition de loi de Jean Leonetti (UMP) sur la fin de vie, après en avoir discuté longuement dans l’hémicycle. Ce texte visait à compléter sa propre loi de 2005, en évitant toute dérive vers la légalisation de l’euthanasie. La proposition du député des Alpes Maritimes reprenait à son compte, à quelques nuances près, les recommandations du rapport Sicard qui avait été commandé par le chef de l'Etat et rendu en décembre dernier : droit à la sédation pour les malades conscients en phase terminale dont les souffrances physiques et morales ne sont plus soulagées par les traitements ou pour les personnes inconscientes, via leurs «directives anticipées».
En séance, Jean Leonetti a souligné que sa loi de 2005, ainsi complétée, répondrait à quasiment «tous les cas», «sans franchir la barrière de l'interdit de tuer, fondement de notre pacte social». L’initiative du père de la loi de 2005 visait aussi à sonder le gouvernement sur ses intentions, alors que la publication du rapport du CCNE sur le sujet, prévue initialement pour avril devrait attendre le mois de juin.
Question de timing...
Lors du débat de jeudi, Marisol Touraine a estimé qu'il «fallait aller plus loin» que la loi de 2005 encore très mal connue et très mal appliquée. Elle a salué la mission Sicard «qui a permis l'expression de près de 5.000 de nos concitoyens». Mais, prudente, elle a souligné qu'il convenait, avant de légiférer, d'attendre l'avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE). Jean Leonetti s'est cependant félicité de ce débat, soulignant que, lorsque sa proposition avait été programmée à l'agenda de l'Assemblée, il pensait que le CCNE aurait rendu son avis. «Je me suis trompé sur le timing», a-t-il dit avec simplicité.
De fait, on murmure que le calendrier de cette réforme sur la fin de vie qui était une des promesses de François Hollande pourrait encore trainer davantage, voire ne plus figurer au menu de cette législature... A l’Assemblée jeudi, Marisol Touraine s’est contentée de souligner que «le gouvernement veut une réflexion large, apaisée». «La consultation se poursuit,» a simplement lâché la ministre.
Vendredi après-midi, elle a d’ailleurs joint le geste à la parole en se déplaçant personnellement à la maison médicale Jeanne Garnier, un des centres de soins palliatifs les plus connus en France. Il a rencontré les professionnels du centre, parlé avec une patiente qui avait demandé à la rencontrer et avec des proches de patients en fin de vie. Interrogé par legeneraliste.fr sur un éventuel report de la réforme sur la fin de vie, elle a confirmé que l’avis du CCNE ne serait «probablement pas remis avant fin juin». Et pour le reste, elle semble ne pas vouloir confondre vitesse et précipitation sur ce dossier, observant juste qu’« un sujet aussi difficile et sensible que celui-là fait partie de ceux qui méritent le débat.»
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