> Théâtre
MÉDECIN. Max Rouquette avait fait ses études de médecine et exercé jusqu'à l'âge de la retraite. Il aurait pu être médecin des âmes tant sa compréhension du monde et des êtres était profonde. Quelques semaines après Bernard Manciet, c'est un géant de la langue d'oc qui disparaît. Mais, et on ne le répétera jamais assez, Max Rouquette était un immense écrivain tout court. Aussi éblouissant lorsqu'il écrivait en langue française que lorsqu'il traduisait ses propres textes.
Il était né le 8 décembre 1908 à Argelliers et c'est de cette terre de garrigue, âpre et belle, qu'il se nourrira sa vie durant pour donner à ses textes une puissance universelle. Très tôt, il comprend que la langue de ses copains de classe est une belle et grande langue. Il la choisit. Il milite. A 18 ans, il traduit « la Divine Comédie ». Dante, d'ailleurs, cite la langue d'oc.
Dans les années trente, il fait à Toulon son internat de médecine - c'est là qu'il rencontre sa femme Léone - et son service militaire. Il commence à écrire « Vert paradis » sur un cuirassé. A Montpellier, dès 1936, il va être le rédacteur en chef de la revue « Occitania ». Il est médecin à Aniane dix ans durant, jusqu'après la guerre. Il écrit toujours. De 1947 à 1974, il sera médecin-conseil de la sécurité sociale. Et toujours il écrit.
Nouvelles, poèmes, théâtre. Il écrit dans une langue splendide, sensuelle, précise, avec un lyrisme qui rappelle la Grèce. Il est immense et peu le savent dans son propre pays. Il sera traduit partout à travers le monde avant qu'une reconnaissance un peu plus large que celle du cercle des érudits de sa langue occitane advienne. Pourtant, plusieurs fois, les comités pour le prix Nobel de littérature ont pensé à lui. Parce que Max Rouquette est un écrivain de l'universel. De la terre de son enfance, il a su décrire les humeurs, le grain des pierres comme le souffle du vent. C'est un écrivain pour les météores et les âmes. On pense à Giono, évidemment, mais aussi, on l'a dit, aux Grecs et d'ailleurs c'est à eux que sans cesse il revenait. Et lors d'un ultime entretien avec cet homme bon et grave, pas même une semaine avant que l'embolie pulmonaire ne l'emporte - d'ailleurs, il savait ce qui allait advenir, l'expliquait avec la lucidité du praticien et un stoïcisme admirable - il nous avait parlé de ces premiers textes qui déjà contiennent tout notre monde.
Poète de l'universel, dernier des troubadours. On répétait toujours ces formules. Elles lui allaient bien. Par le théâtre s'était élargi le cercle, ces dernières années. Il fut joué au Studio-Théâtre de la Comédie-Française (« le Glossaire », une farce irrésistible montée par Vincent Bossard) et à Nanterre-Amandiers où sa « Médée » magnifique fut présentée par Jean-Louis Martinelli avec des acteurs africains. Pionnière, Nada Strancar avait lu des nouvelles de « Vert paradis » dans le cadre du cycle « Texte nu » de la Sacd, en 1993 à Avignon.
On peut trouver les textes de Max Rouquette chez plusieurs éditeurs, les Editions de Paris, notamment. Et signalons que deux ultimes ouvrages viennent de paraître : « Tout le sable de la mer » (Trabucaire) et le second volet du « Bestiaire », poétique, bilingue (Fédérop). Et puis il y a sa vie dans « Ils sont les bergers des étoiles » (Anatolia/Editions du Rocher) avec en annexe tous ses textes, poèmes, prose, théâtre, albums de photos, et même des textes sur le sport.
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