JEAN-CLAUDE GRUMBERG écrit depuis plus de quarante ans. Il a un sujet principal : le destin des êtres que la guerre a broyés durant la dernière Guerre mondiale. Sa famille est originaire de Pologne. Son père a disparu. Aujourd’hui, il se souvient du dentiste qui le soignait. De retour à Paris, sa femme et lui avaient trouvé l’appartement et le cabinet réquisitionnés. Une de leurs filles était morte à Auschwitz, l’autre, recueillie par un couvent, avait voulu devenir carmélite. C’est le point de vue de ces deux êtres dans un désarroi profond que nous propose dans cette pièce que Grumberg sous-titre « tragédie dentaire ».
S’il faut parler littérature dramatique, on dira que « Vers toi promise » est un chef-d’uvre. Une pièce dont l’écriture est légère, fine, sans lourdeur et qui va profond et qui parle de sujets graves et qui est inépuisable d’un point de vue du sens. Extraordinaire. S’il faut parler de la manière dont elle est mise en scène et interprétée, on dira que la production est exceptionnelle. Charles Tordjman signe un spectacle remarquable, ses décisions (réduire à quatre les comédiens), le décor (une boîte astucieuse), le mouvement général de la représentation, tout est de l’ordre de la perfection.
Et comment louer suffisamment les acteurs : Clotilde Mollet, le chur et plusieurs apparitions toutes différentes et fine, Antoine Mathieu, le chur lui aussi et d’autres personnages, sympathiques et beaucoup moins, si mobile, si juste sont parfaits. Christine Murillo donne à l’épouse du dentiste un courage, une pudeur qui se cache sous un besoin d’agir, d’espérer qui sont superbes. Philippe Fretun, le dentiste, incarne un homme brisé mais qui fait face avec ce silence de ceux qui ne veulent pas craquer, un silence tellement éloquent, et cette manière de décider de vivre et sourire, malgré tout. C’est vraiment bouleversant.
Par-delà ces destins, c’est l’Histoire qu’affronte crânement, et avec un humour dévastateur, Jean-Claude Grumberg. Et l’on rit une heure trente durant. D’un rire franc, terrible.
Théâtre du Rond-Point, 21 heures du mardi au samedi, en matinée le dimanche. Durée : 1 h 35 (01.44.95.98.21). Jusqu’au 28 mars puis du 7 au 11 avril. Du 31 mars au 5 avril, le spectacle est présenté en hébreu. Texte publié par Actes Sud-Papiers.
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