AVEC UNE BAISSE GLOBALE de 10 à 11% des prescriptions antibiotiques en médecine ambulatoire, les premiers effets de la campagne d'information « Les antibiotiques, c[212]est pas automatique » lancée en 2002 par l'Assurance Maladie sont positifs. Mais cette campagne a aussi mis les médecins sur la sellette, certains médias n'ayant pas hésité à mettre en doute leur crédibilité en terme de prescription antibiotique. C'est pourquoi le Quotidien du médecin s'est posé la question du bien-fondé de ce plan d'action visant à limiter la prescription des antibiotiques, en soulevant notamment la question « Prescription antibiotique : Sommes nous-allés trop loin? » lors d'une journée d'amphis d'infectiologie organisée dans le cadre du Médec. Pour le Pr Benoît Schlemmer (hôpital Saint Louis, Paris), « cette campagne ne visait pas à dénigrer les antibiotiques mais au contraire à préserver leur image et surtout leur activité en essayant d'améliorer les conditions de prescription et d'utilisation. Malgré cette légère baisse de la consommation d[212]antibiotiques, la France est toujours au premier rang européen de la consommation d'antibiotique en ville et à l'hôpital. C'est pourquoi, il est important d'alerter l'ensemble des confrères, les décideurs et le public sur le danger que représente la résistance bactérienne pour l'avenir.».
Un diagnostic précis pour une bonne prescription.
La résistance aux antibiotiques est favorisée par des prescription inappropriées et un certain nombre de déterminants interviennent sur le comportement du prescripteur : bonne connaissance du patient, qualité du diagnostic, précision des indications, possibilité de contrôle et de suivi de l' évolution. Mais il s'agit surtout d'optimiser les formations des médecins dans un domaine en constante évolution. Comme le souligne le Dr François Trémoilières, (centre hospitalier Quesnay, Mantes la Jolie), « une prescription raisonnable doit être rationnelle, évidente indiscutable en gardant toujours à l'esprit de savoir s'abstenir en cas de doute ». Pour cette prescription antibiotique qui procède d'une décision médicale éclairée nécessitant qualité et sécurité, un certain nombre de recommandations de bonnes pratiques claires et simples pour le diagnostic et le traitement sont indispensables pour aider les médecins dans cet acte de prescription qui doit s'adapter à l'évolution des pratiques médicales et au risque infectieux. « Pour cela, observe le Dr F. Trémolières, il est indispensable d'améliorer la formation médicale lors du cursus universitaire puis de la poursuivre par une formation médicale continue indépendante. A cet égard, l'industrie pharmaceutique contribue aussi à une part très significative de l'information post-universitaire et cette communication constitue une bonne source d'information à condition de s'inscrire dans le bon usage des médicaments ».
Enfin, si la sensibilisation, l'information et la formation des médecins à la prescription antibiotique est d'actualité, l'adhésion du public s'avère aussi nécessaire en l'informant sur l'intérêt et l'utilité réelle des antibiotiques dans les situations ou l'infection bactérienne est diagnostiquée..
Journée d'Amphis du MEDEC en infectiologie « Prescription antibiotique : sommes-nous allés trop loin ? » présidée par le Pr Benoît Schlemmer et le Dr Gérard Kouchner
Les conséquences de la campagne du côté de l'industrie.
La baisse des prescriptions antibiotiques ajoutée à l'émergence forte et rapide au niveau européen des génériques d'antibiotiques ont affecté l'industrie pharmaceutique avec une baisse du chiffre d'affaires dans les laboratoires de plus de 100 million d'euros entre 2000 et 2003. Dès lors, certaines firmes ont signifié leur désinvestissement en matière de recherche et cette situation amène les laboratoires à mutualiser les projets, c'est-à-dire à les mener non pas à l'échelle de la France mais à l'échelle européenne ou internationale. Mais plus encore que le problème économique, c'est l'atteint de l'image d'efficacité et d'utilité des antibiotiques qui préoccupe les entreprises du médicament.
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