AU PROGRAMME : une exposition sur les vaccins, des échanges et des rencontres avec le grand public et, surtout, une conférence- débat sur « la place de la vaccination aujourd'hui », à l'attention des professionnels de santé. L'appel a été entendu. Tous les vaccinateurs identifiés par la DDASS avaient été invités (généralistes, pédiatres, gynécologues, sages-femmes, médecins de PMI) et près de deux cents ont répondu présents. Ramiro Pereira, le directeur régional des Affaires sanitaires et sociales, l'a précisé : «La vaccination est redevenue une politique de compétence de l'État, et il est donc important pour nous d'avoir l'avis des professionnels de santé sur ce sujet.»
Pour M. Laurent, le conseiller régional adjoint au programme de vaccination de l'unité des maladies transmissibles à l'OMS qui animait le débat, «la vaccination perd du terrain. C'est un droit essentiel, pourtant toutes les populations n'y accèdent pas en Europe et les flambées épidémiques posent une réelle menace», a-t-il expliqué. Plusieurs pistes sont évoquées par les spécialistes pour expliquer ce désintérêt pour les vaccins, notamment la confiance du public erronée, concernant par exemple le vaccin de l'hépatite B (voir encadré). La Semaine européenne de la vaccination était l'occasion d'une prise de conscience commune de la nécessité d'étendre la couverture vaccinale, de mieux informer les populations concernées. à l'horizon 2010, l'OMS a même pris la résolution d'éliminer la rougeole et la rubéole.
Cette année, 33 pays membres de l'Union européenne de l'OMS sur 53 ont participé à l'événement. En France, une dizaine de régions se sont mobilisées, dont Midi-Pyrénées, où la couverture vaccinale est devenue un des axes prioritaires dans le plan régional de santé publique. En effet, les données récentes à propos de la couverture vaccinale, concernant le ROR dans la population enfantine, montrent que nous sommes loin du seuil des 95 % (souhaité par l'OMS). «Selon les dernières données connues, nous sommes à 87% en France et plutôt à 81% en Midi-Pyrénées», souligne le Dr Anne Guinard, médecin épidémiologiste à la Cellule interrégionale d'épidémiologie (CIRE) et coorganisatrice de l'événement. Parmi les explications possibles : une tradition de région du Sud où la vaccination est moins suivie que dans le Nord (c'est aussi le cas en PACA). En Midi-Pyrénées, cependant, la situation est contrastée selon les départements. «La culture de la vaccination est encore moins forte dans les départements ruraux», observe le Dr Guinard. Pourtant, les organisateurs ont privilégié une approche en douceur. «ll n'était pas question de communiquer de façon ciblée sur certains types de vaccination, nous voulions d'abord replacer la vaccination au coeur des débats», précise-t-elle.
Une méthode douce, qui parie pour l'instant sur la prise de conscience des professionnels, grâce à la distribution d'outils de communication destinés aux patients, une sensibilisation continue tout au long de l'année auprès des associations de médecins, et des collèges de spécialistes.
Enquête dans le Tarn
Dans le Tarn, une enquête illustre la méfiance à l'égard du vaccin contre l'hépatite B. Menée auprès de 258 médecins généralistes (sur les 350 du département) et 108 patients, elle révèle que 79,4 % des médecins sont confrontés à des réticences de la part des patients concernant le vaccin de l'hépatite B. Ces réticences concernent la sclérose en plaques et la peur d'apparition d'effets secondaires. 47,6 % des médecins disent avoir toujours ou souvent des difficultés à convaincre leurs patients.
Par ailleurs, 37,2 % des médecins eux-mêmes déclarent avoir peur de l'apparition d'effets secondaires possibles et 21,4 % de l'apparition d'une pathologie chez leurs patients suite à l'administration du vaccin.
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