L A popularité du président George W. Bush, qui vient de passer le cap de ses cent premiers jours, est très élevée. Les plus hargneux de ses détracteurs reconnaissent qu'il sait à peu près tout faire, même tenir une conférence de presse, qu'il a gardé son sang-froid pendant la crise sino-américaine autour de l'avion-espion, qu'il tient une bonne partie de ses promesses et qu'il ne fait rien qu'il n'ait annoncé.
M. Bush entretient de bonnes relations avec un Congrès divisé en deux parties à peu près égales. Les parlementaires américains s'apprêtent à voter une impressionnante réduction des impôts, de l'ordre de 1 350 milliards de dollars en dix ans, à peine inférieure à ce qu'il proposait (1 500 milliards). L'opposition démocrate a dû admettre qu'un allègement fiscal devenait indispensable pour éloigner le spectre de la récession.
Une diplomatie plus contestée
En d'autres termes, le nouveau président a déjà su faire oublier, lui qui a été élu par la Cour suprême plus que par le peuple américain, son manque de légitimité. Il prononce des discours dénués de toute idéologie, sur un ton extrêmement calme ; il estime avoir rendu à la Maison-Blanche la dignité dont Bill Clinton l'aurait privée. Il a été capable, jusqu'à présent, de dégager un consensus autour des axes principaux de son programme et l'épisode de l'avion-espion a tourné à son bénéfice exclusif, puisqu'il a réussi à rapatrier l'équipage.
Il a moins de succès auprès de ses partenaires et des autres grands pays. Le projet de défense antimissiles, qu'il a confirmé il y a trois jours, est accueilli avec hostilité par la Chine et la Russie, avec inquiétude par les Européens. Mais au moins cette fois a-t-il pris le soin d'informer quelques chefs d'Etat ou de gouvernement avant de décrire son projet. Ce qu'il n'a pas fait quand il a renoncé à signer l'accord de Kyoto sur l'environnement. Ce refus subit de tenir un engagement qu'il avait pris lui-même au cours de sa campagne électorale est très vivement critiqué par le reste du monde : il n'y aura pas de progrès dans la lutte pour l'assainissement de la planète sans le concours des Etats-Unis. Sensible aux critiques qui lui sont parvenues de l'étranger, M. Bush a laissé entendre qu'il allait réexaminer la question : bref, il fait tout pour apparaître comme un leader modéré, respectueux des intérêts des alliés de l'Amérique.
Décrit comme un provincial imperméable aux affaires du monde, M. Bush montre que tout s'apprend et qu'il n'y a pas de difficulté qu'un président, même s'il est ignorant, ne peut surmonter quand il est bien entouré. Ses conseillers ont déjà corrigé le tir de M. Bush à plusieurs reprises. La préparation de son discours de relance du projet antimissiles est un modèle du genre : un « nouveau » Bush a pris le soin de calmer le jeu diplomatique avant de confirmer ses intentions. Cela ne résout pas le problème posé par la course aux armements, mais cela rassure quand même.
Sur le Proche-Orient, il avait affecté de prendre ses distances, mais il est intervenu à plusieurs reprises auprès des belligérants et n'a pas hésité à intimer l'ordre aux Israéliens de se retirer des territoires qu'ils avaient, très partiellement et provisoirement, réoccupés. C'est vrai qu'il tâtonne un peu et qu'il est parfois contraint d'agir quand il n'en a pas envie. Mais on ne saurait lui reprocher ce constant effort d'adaptation, qui un signe de souplesse et d'intelligence.
Les chèques sont prêts
George W. Bush livre une bataille essentielle dont dépend son sort politique : la conjugaison de la baisse des taux d'intérêt et de la réduction des impôts aux Etats-Unis est susceptible de relancer la machine économique. Or il n'y a pas eu à ce jour de récession en Amérique : le taux de croissance a été de 2 % en rythme annuel au premier trimestre. Dans le souci d'être efficace, le président a demandé et obtenu que la diminution de la pression fiscale soit rétroactive. Si tout se passe comme prévu, la réduction des impôts sera votée avant la fin du moins de juin et les Américains recevront leurs remboursements en juillet ; les chèques sont déjà prêts. Il n'est donc pas exclu qu'ils augmentent leur consommation au cours de l'été prochain et effacent de la sorte le ralentissement de la fin de l'année dernière et du début de cette année. En même temps, les indices boursiers se redressent dans un pays où l'épargne est essentiellement constituée de portefeuilles en actions. Si la Bourse va mieux, c'est parce que la gestion de M. Bush donne des espoirs aux Américains. Une économie qui marche n'est pas autre chose qu'un peuple qui a confiance dans son avenir immédiat.
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