LES DIX MILLIARDS d'euros d'économies de dépenses attendues (en année pleine) par le gouvernement à l'horizon 2007 sont « très aléatoires ». Et « personne ne croit à l'efficacité » de ce plan « en dehors de Douste-Blazy et Xavier Bertrand ».
La charge, violente, ne vient pas d'un élu socialiste, ni communiste, mais de Jean-Luc Préel, député (UDF) de la Vendée, secrétaire national chargé de la Santé. Bien que toujours « partenaire » du gouvernement, le parti centriste est « franchement déçu » par le projet de loi et, comme la note interne de Bercy, met clairement en doute sa crédibilité économique. « Ce n'est qu'un nouveau plan de financement, explique Jean-Luc Préel . Certes, les 5 milliards de recettes supplémentaires sont quasi certaines, mais, pour le reste, le projet sera inefficace, pas à la hauteur des enjeux. » « On trompe les citoyens en disant qu'il s'agit d'une réforme qui garantira l'avenir de la Sécurité sociale, ajoute François Sauvadet, porte-parole du groupe. il n'y a pas de réforme de fond. »
Pour l'UDF, le schéma de gouvernance proposé par le gouvernement ne corrige pas les « deux graves défauts » du système français : le cloisonnement ville/hôpital et le retard dans la prévention et l'éducation à la santé. Ainsi, l'UDF aurait souhaité aller « immédiatement » vers la mise en place d'agences régionales de santé (ARS), permettant de gérer dans la même enveloppe la médecine de ville, les établissements, la prévention et la formation des professionnels. C'est loin d'être le cas.
Le gouvernement pourrait se contenter de créer, à la demande de l'UMP, des « missions régionales de santé ». Ces structures légères sont censées favoriser une gestion plus intégrée des compétences des agences régionales de l'hospitalisation (ARH) et des Unions régionales des caisses d'assurance-maladie (Urcam) pour les décisions concernant les réseaux, la répartition de l'offre libérale ou la permanence des soins. Pour l'UDF, on reste « très en deçà de ce qu'il faudrait faire » sur la régionalisation.
Le DMP coûtera cher avant de rapporter.
Si Jean-Luc Préel accueille favorablement, sur le principe, la mise en place du dossier médical personnel (DMP), il n'en attend pas monts et merveilles à court terme. « Présenter cet outil comme une source d'économie est une erreur, juge-t-il. Sa mise en place prendra du temps et sera onéreuse, sans compter que les médecins demanderont bien évidemment une rémunération pour le temps passé. » Dans ce contexte, réaliser 3,5 milliards d'euros d'économies en 2007 avec cet outil « relèverait du miracle », tranche le député de Vendée. Et quand le gouvernement attend 1,6 milliard d'euros d'une rationalisation des achats hospitaliers, Jean-Luc Préel affiche encore ses doutes. « C'est un vœu... », résume-t-il.
Pour l'UDF, enfin, les professionnels de santé ne sont pas suffisamment associés aux décisions « en amont » et à la gestion « en aval ».
L'UDF appelle donc le gouvernement à « faire bouger » son texte, bien au-delà des amendements « mineurs » adoptés en commission spéciale. Les députés centristes défendront au total 85 amendements (dont l'augmentation de 0,35 % du taux de la Crds pour financer le déficit et la création d'une caisse spécifique pour les accidents du travail et les maladies professionnelles). Et l'UDF fera dépendre son vote de la réponse apportée par le gouvernement. Mais Jean-Luc Préel est plutôt pessimiste. Pour l'instant, estime-t-il, « on a un résultat assez nul ».
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