Pour l’inégalité efficace

« L’inégalité efficace profite à tous, tandis que l’inégalité inefficace mène vers la destruction », explique Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, en s’inspirant d’un de ses auteurs fétiches, John Rawles, lors d’une rencontre à Paris*. Et de citer dans la foulée un cas pratique : « Entre 2002 et 2003, l’Allemagne a aggravé les inégalités pour relancer la croissance : ce fut un succès. » Malheureusement, la France n’a pas franchi le pas : « Nous n’avons pas réussi à améliorer la compétitivité des entreprises. » Et le système de santé coûte de plus en plus cher : « Au cours des dix dernières années, nos dépenses sociales ont augmenté de 6,1 points contre 2,1 point dans les autres pays de l’OCDE. » Il faut donc s’évertuer à trouver de nouvelles ressources pour payer l’augmentation des dépenses médico-sociales. Sans alourdir le coût du travail. « Nous pourrions utiliser une TVA intermédiaire, et faire passer certains produits de 5,5 % à 10 ou 12 %. » Autre solution : l’impôt sur le revenu. Il est, en France, l’un des plus faibles de toute l’Europe. « Notre taux d’imposition est de 8,5 %, contre 10,5 % en moyenne chez nos voisins. » Augmenter les impôts ne serait donc pas aberrant. Pierre Méhaignerie est également partisan d’un plus grand contrôle de l’octroi des prestations sociales. Il approuve le vote de la loi sur la restriction de soins aux étrangers malades : « Il ne faut pas être dupe. Les 24 prestations sociales françaises en attirent certains. »