LA NATURE de la maltraitance des personnes âgées est multiple. Physique, elle peut se traduire par des gifles, des brûlures, un ligotage, une séquestration et des bousculades de toutes sortes. Psychologique, elle comprend menaces, chantage, harcèlement, infantilisation, culpabilisation ou non prise en compte de la parole. Financière, elle est associée au vol, à une procuration abusivement obtenue ou utilisée, à des économies imposées, des détournements divers, voire un testament extorqué. Enfin, médicamenteuse, la maltraitance donne lieu à un usage abusif de neuroleptiques ou à la non considération de la douleur aiguë ou chronique. A cela s'ajoutent des négligences actives, telles que le placement autoritaire en institution, la privation de visites et les interdictions en tout genre, ainsi que les négligences passives comme l'oubli, l'indifférence et le manque d'aide. En règle générale, les maltraitances identifiées sont le plus souvent mixtes et de ce fait difficilement quantifiables.
Plus de mille cas par an.
En 1999, les départements de Paris, Seine-Saint-Denis, Val-d'Oise, Seine-et-Marne, Hauts-de-Seine, Yvelines, Essonne et Val-de-Marne ont recensé plus de 200 situations de maltraitance. De leur côté, les services sociaux de l'Assistance publique de la capitale et la Caisse régionale d'assurance-maladie ont dénombré 950 cas en 2001. Dans les 30 établissements de court et long séjours de l'AP-HP, 516 cas de maltraitance, soupçonnée ou avérée, ont été déclarés, sur près de 100 000 personnes de plus de 60 ans admises dans les services hospitaliers. Vingt-neuf signalements ont été adressés au procureur de la République et 172 demandes de protection juridique ont été transmises. Au ministère de la Justice, on fait état de 1 835 « infractions d'abus de vulnérabilité des personnes majeures » en 1998, amalgamant l'âge, l'infirmité, la déficience physique ou psychique et la grossesse, contre 702 en 1994 ; auxquelles s'ajoutent 386 délits d'abus d'ignorance ou de faiblesse, 337 vols et 68 escroqueries.
Recueil de témoignages et conseils.
Face à cette situation, l'Ile-de-France a décidé de participer au financement du numéro « Aînés Violences Ecoute » de l'Association pour la bientraitance des aînés et/ou des handicapé. Une permanence d'écoute, assurée par des gérontologues, des psychologues et des travailleurs sociaux, est ouverte du lundi au vendredi de 9 h à 17 h. Hébergés par l'AP-HP à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), les écoutants sont là pour recueillir les témoignages de victimes ou de proches, conseiller et transmettre des informations aux services sociaux chargés du suivi des personnes maltraitées. Le 0.810.600.209, dont le prix d'appel est celui d'une communication locale, est mis en place avec l'aide de caisses de retraite et de la Drass, et grâce au soutien des conseils généraux. Par ailleurs, la région finance une affiche tirée à 10 000 exemplaires, destinée à être diffusée dans les services sociaux et municipaux d'Ile-de-France.
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