Les accusations portées par le rapport Lalande contre les médecins libéraux, dont un grand nombre, selon ce document, auraient été absents cet été, ce qui aurait contribué largement à accentuer les conséquences de la canicule et donc les décès liés à cette catastrophe sanitaire, n'ont pas convaincu les Français. Loin s'en faut.
Selon le sondage publié par « le Quotidien du Médecin » et réalisé par l'Institut CSA auprès de 1 000 Français, seulement 7 % des personnes interrogées estiment que « la récente vague de décès liés à la canicule » est principalement due à l'absence des médecins libéraux au mois d'août. Un résultat d'autant plus intéressant que les personnes âgées de 75 ans et plus, qui ont été, selon toutes les informations aujourd'hui disponibles (mais on le saura précisément lundi avec la présentation d'un nouveau rapport), les principales victimes de cette catastrophe sanitaire, sont également persuadées que ce n'est pas l'absence des médecins libéraux qui aura été la cause essentielle des décès constatés : en effet, seulement 7 % des plus de 75 ans, comme la moyenne nationale, les accusent clairement. Les 65-74 ans (8 %) sont légèrement plus nombreux à croire à la responsabilité des médecins libéraux dans cette affaire.
Si l'on prend maintenant en considération les résultats par catégories d'agglomération, on s'aperçoit que les personnes résidant dans les villes de plus de 100 000 habitants sont sensiblement plus sévères pour les médecins libéraux, puisque 10 % d'entre elles, interrogées par les enquêteurs de CSA, pensent que les médecins libéraux pourraient être tenus pour responsables de cette catastrophe. En revanche, dans l'ensemble de l'agglomération parisienne, qui regroupe plus de 11 millions d'habitants, les praticiens sont largement exonérés de toutes responsabilités, puisque seulement 4 % des personnes interrogées les désignent.
Le système de santé en accusation
Les résultats de ce sondage doivent à l'évidence satisfaire les médecins libéraux et leurs organisations, et en premier le Dr Pierre Costes, président de MG-France, qui s'est carrément insurgé contre les conclusions du rapport Lalande et les accusations dont les praticiens faisaient l'objet. « L'été, les médecins sont là », affirmait le président de MG-France dans l'entretien publié par « le Quotidien du Médecin » du 17 septembre, et « les généralistes, poursuivait-il , n'ont pas pour habitude d'abandonner leurs patients ». De toute évidence, les Français lui donnent entièrement raison.
En revanche, pour le gouvernement, les résultats du sondage sont mitigés. S'il peut légitimement se féliciter de ce que, pour 20 % des Français seulement ( même 12 % pour les 75 ans et plus), cette catastrophe sanitaire soit le résultat de l'imprévoyance et de l'inaction du gouvernement, 39 % (28 % des 75 ans et plus) estiment qu'elle est due au manque de moyens de notre système de santé. Une majorité relative des 1 000 Français interrogés met donc directement en cause l'efficacité du système de santé et ne pense certainement pas qu'il est toujours le meilleur du monde, comme une enquête internationale l'affirmait il y a encore trois ans.
Des résultats d'autant plus préoccupants que 46 % des 18 à 24 ans, 41 % des 25 à 34 ans et 44 % des 35 ans à 40 ans mettent directement en cause l'efficacité du système. C'est-à-dire que les moins de 50 ans, pris globalement, pourraient être majoritaires à mettre en cause le système de santé et à demander en conséquence des modifications et des réformes, alors qu'ils restent dans la moyenne nationale lorsqu'il s'agit de faire porter la responsabilité de ce drame aux médecins libéraux. Le gouvernement ne pourra pas longtemps ignorer cette forte demande des moins de 50 ans.
C'est la « fatalité » pour les plus âgés
A noter aussi, et c'est intéressant, que les femmes, tous âges et toutes catégories sociales confondus, sont largement plus nombreuses (41 %) que les hommes (36 %) à mettre en avant les défaillances du système de santé, alors qu'au contraire les hommes sont plus nombreux (24 % contre 14 %) à stigmatiser le gouvernement.
Enfin, on notera (mais ce n'est pas une surprise) que la « fatalité » est mise largement en avant par les 75 ans et plus : 46 % d'entre eux pensent que c'est la raison essentielle du nombre de décès importants dus à la canicule, alors que 32 % de l'ensemble des Français (et 38 % des 65-74 ans) pensent que c'est la cause principale de la catastrophe. Un résultat qui, lui, ne surprendra personne.
Le système de santé français, principal accusé | |||
Selon vous, la récente vague de décès liés à la canicule, est- ce principalement... | |||
Ensemble des Français % |
65- 74 ans % |
75 ans et plus % |
|
le manque de moyens de notre système de santé | 39 | 25 | 28 |
la fatalité | 32 | 38 | 46 |
le résultat de limprévoyance et de linaction du gouvernement | 19 | 20 | 12 |
la conséquence de labsence des médecins libéraux au mois daoût | 7 | 8 | 7 |
Ne se prononcent pas | 3 | 9 | 7 |
Total | 100 | 100 | 100 |
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