Un an après les commandes par les États des vaccins contre la grippe A, l’heure ne semble plus à la polémique même si l’échec de la campagne de vaccination est patent. Les députés de commission d’enquête sur la « manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1) » ont présenté leurs conclusions jeudi matin. Selon le président et instigateur de cette commission, le député Nouveau Centre de Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde, les positions des uns et des autres se « sont rapprochés sur le fond » au cours des travaux et aucun « scandale » n’a été mis au jour. Pour autant, les membres de cette commission de l’opposition ont voté contre le texte non pas parce qu’ils auraient été en désaccord avec les préconisations mais parce qu’ils considèrent que toutes les questions n’ont pas été abordées. En revanche, l’un des points qui a fait consensus au sein de la commission est que l’exclusion des généralistes de la campagne de vaccination a été très préjudiciable à son bon déroulement. « Il aurait fallu associer les médecins et les infirmiers libéraux à la vaccination » a martelé le député UMP Jean-Pierre Door, rapporteur de la commission d’enquête comme il l’a été parallèlement des travaux de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques.
Une double voie
« C’étaient aux généralistes de voir s’ils pouvaient gérer les contraintes administratives et logistiques de la vaccination » a expliqué le rapporteur jugeant aussi que leur implication ne pouvait être que volontaire. « Un calcul simple a très vite montré qu’avec 1 000 centres de vaccination, on était incapable de vacciner tout le monde en moins de 10 à 15 mois, a rappelé le président de la commission. C’est pourquoi il faut deux étages à la campagne de vaccination de masse : la médecine libérale tant que l’épidémie est d’intensité modérée et des centres de vaccination comme armement supplémentaire ». Finalement, cette expérience « grandeur nature » qu’a constitué la première campagne de vaccination massive réalisée en France appelle plusieurs leçons. Pour la commission, le plan de lutte contre la grippe doit être beaucoup plus souple et la communication doit être mieux adaptée. Les députés se sont également beaucoup étonné que les médecins libéraux ne puissent pas être contactés plus simplement par les autorités sanitaires.
Mailing liste
« Je ne comprends pas qu’on ne puisse pas envoyer un mail en même temps à tous les généralistes pour les tenir informés de l’évolution de la situation, s’est inquiété Jean-Christophe Lagarde. Si subitement, le virus commence à muter en Norvège, le généraliste déjà débordé de travail doit aller chercher cette information sur internet alors qu’il me semblerait normal que l’État la lui donne ». Jean-Pierre Door suggère que les Conseils départementaux de l’Ordre et les nouvelles Unions régionales des professionnels de santé (URPS), deux organismes auxquelles l’adhésion des médecins libéraux est obligatoire, disposent de listes d’adresses mail à jour des professionnels. Le député de Montargis estime aussi que les professionnels via les URPS devront à l’avenir organiser la réserve sanitaire en partenariat avec les ARS pour qu’il ne soit plus nécessaire la prochaine fois de réquisitionner des médecins à envoyer dans les centres de vaccination. Enfin, les modalités de l’organisation d’une campagne de vaccination massive devraient toujours, selon lui, être au menu des prochaines négociations conventionnelles. Au final, sur toute la durée de campagne de vaccination contre la grippe A, les centres de vaccination ont réalisé 4 168 021 injections, les établissements 520753 et les médecins libéraux, finalement autorisés à vacciner en bout de course, 16 385.
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