« Pessah/Passage »

Pour les acteurs

Publié le 16/11/2004
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C'EST l'histoire d'un règlement de comptes toujours recommencé. Une dispute de famille qui reprend, comme elle a toujours existé. Le constat d'une impossibilité. Laura Forti est italienne. C'est Caroline Chaniolleau qui a traduit ce texte qui a obtenu le prix Ugo Betti 2001, nous dit-on. Sans doute est-il venu d'Italie par elle, Caroline Chaniolleau, qui est Nora, celle qui s'oppose à la mère que joue avec densité formidable Annie Perret. Avec elles deux, le fils, Giorgio, Laurent Manzoni, remarquable dans la nuance, la sensibilité et Mila Savic, excellente et fine dans le rôle de la benjamine, Betta.
Laura Forti est juive, et c'est du poids du passé qu'elle nous parle. La mère vit avec ses fantômes d'Auschwitz, avec les spectres de la Shoah. Les enfants refusent. Les enfants veulent respirer. Mais ici, comme l'avait écrit Kateb Yacine, « les ancêtres redoublent de férocité » et les enfants en sont blessés et la génération qui suit ne va pas bien non plus : le fils de Nora se drogue et se montre très violent avec elle...
Enfants perdus, comme dévorés par la crispation de la mère sur ce passé. Charge contre une certaine culture de la douleur. Névrose familiale. C'est intéressant. Mais on est un peu déçu par l'écriture de la pièce, sa structure. On est en temps réel. Dans le pur vérisme et c'est drôle la même semaine, de voir et Chalem « Dis à ma fille que je pars en voyage » et ce « Passage »...
Pour intelligent que soit Lukas Hemleb, il ne parvient pas à arracher la représentation à ce prosaïsme. Tout est là, mais rien n'est écrit. C'est un peu dommage. Cela pourrait être plus bref, plus tendu, plus dense. D'autant que les interprètes sont tous les quatre magnifiques d'intelligence, de sensibilité. On est touché par leur présence, leur interprétation. Mais la pièce n'est pas bonne. C'est une photographie. Bien cadrée. Mais cela ne suffit pas.

Théâtre de la Ville aux Abbesses, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 15 h le dimanche 14 novembre. Durée : 2 h 15 sans entracte. (01.42.74.22.77). Jusqu'au 27 novembre.

> A. H.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7633