Pour le Pr Jean-Louis Touraine, la patience récompensée

CONTRE TOUTE ATTENTE, le Pr Jean-Louis Touraine, donné perdant, a ravi la place au député Jean-Michel Dubernard, tenant du titre dans la 3e circonscription de Lyon depuis 1988. Cette victoire donne un nouveau poids à l'équipe municipale de Gérard Collomb (PS) en vue des municipales de 2008.

A Lyon, la gauche fait donc un coup double qui participe au rougissement de la vague bleue. La surprise est principalement venue de la victoire du socialiste Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire de Lyon et spécialiste en immunologie à l'hôpital Edouard-Herriot, face à son confrère et tenant du titre Jean-Michel Dubernard, chirurgien dans ce même établissement. Avec 54,34 % des suffrages, il a battu de 1 000 voix son adversaire (48,66 %), qui n'a augmenté son score du premier tour que de 2 000 voix, tandis que le premier adjoint au maire faisait progresser le sien de 8 000 voix. Certes, l'électorat de droite semblerait s'être peu mobilisé entre les deux tours. Le challenger socialiste a par ailleurs récolté une bonne partie des 5 834 voix d'Azouz Begag, le candidat du Modem éliminé dès le premier tour. Il a bénéficié aussi d'une conjoncture favorable à son élection : historiquement marquée à droite, la troisième circonscription s'est densifiée et a considérablement rajeuni ces dix dernières années.

Pour autant, ces éléments ne doivent en aucun cas occulter les effets même de la campagne du Pr Touraine et des années de labeur qui l'ont précédée. Et c'est probablement sur ce point que le député Dubernard a peut-être sous-estimé la popularité croissante de son adversaire.

Conseiller municipal dès 1989, puis maire du 8e arrondissement de Lyon en 1995 et premier adjoint au maire de Lyon, Gérard Collomb, depuis 2001, Jean-Louis Touraine n'a pas ménagé sa peine en labourant le terrain. Pour gagner là où il avait échoué en 1997 lorsque l'Assemblée nationale avait été dissoute et qu'il avait affronté Jean-Michel Dubernard une première fois, il a consciencieusement orienté sa voilure, en cherchant à se rapprocher de la population. Pour le premier adjoint au maire, cette victoire se présente donc comme le gage d'une nouvelle confiance qu'il ne devra pas décevoir. D'autant plus que, en perspective des municipales de 2008, elle remet désormais le PS en position de force pour affronter l'ancien ministre des Transports, Dominique Perben, élu avec 56,6 % des suffrages dans la 4e circonscription de Lyon.