Le succès de la Sécurité routière

Pour la première fois, moins de 6 000 morts sur les routes

Publié le 13/01/2004
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EN 1956, année des premières statistiques routières, le nombre de tués sur les routes françaises était de 8 863. Il est passé à 16 617 en 1972, « pic historique », souligne l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité. La baisse a été ensuite significative, mais lente : 12 410 en 1982, 9 083 en 1992, 7 742 en 2002 et 5 732 en 2003. L'année dernière, le nombre de morts a reculé de 20,8 % (et celui des blessés d'un peu moins de 20 %). « Soit quatre vies sauvées par jour, qui s'ajoutent aux 500 vies épargnées en 2002 et aux 43 000 blessés de moins en deux ans », fait remarquer Jean-Pierre Raffarin.
Le fait de passer sous la barre des 6 000 victimes constitue un événement historique, relève le Comité interministériel sur la sécurité routière (CISR) qui s'est réuni le 13 janvier à Matignon. La sécurité routière est l'une des trois priorités du quinquennat annoncées le 14 juillet 2002 par Jacques Chirac, avec l'insertion des personnes handicapées et la lutte contre le cancer.

La peur du gendarme, salutaire.

Pour expliquer le « caractère exceptionnel de ces résultats », Rémy Heitz, le délégué à la Sécurité routière, cite la mise en place d'un code de la route « plus cohérent » grâce à deux lois : l'une du 3 février 2003 réprimant la conduite après usage de stupéfiants, l'autre du 12 juin de la même année contre la violence routière. Monsieur Sécurité routière estime que le code de la route a été davantage appliqué. Il salue aussi la « remobilisation sans précédent des forces de police et de gendarmerie », et qualifie la « peur du gendarme de salutaire et de protectrice ».
Affirmant qu'une telle politique « va durer et qu'elle portera durablement ses fruits », le Premier ministre souhaite que « les assureurs prennent en compte les résultats (de cette politique) dans la fixation de leurs tarifs ».
De leur côté, les Français ont salué, dans un sondage publié en octobre 2003, l'action déterminée des pouvoirs publics, jugeant à 88 % que les mesures prises depuis un an pour lutter contre l'insécurité routière ont abouti à des résultats « satisfaisants ». Dans la même proportion, 86 % approuvent la mise en service à la Toussaint des premiers radars automatiques de contrôle de vitesse. Ces appareils ont provoqué une baisse presque immédiate des infractions dans les secteurs où ils ont été placés.

Prévention chez les jeunes conducteurs.

En 2004, 450 nouveaux radars devraient s'ajouter à ceux, fixes ou mobiles, qui sont déjà installés le long des routes. En outre, 100 postes d'inspecteur du permis de conduire vont être créés pour faciliter l'accès au permis. Il s'agit, explique Rémy Heitz, « d'éviter la dérive dangereuse » de l'accroissement de la conduite sans autorisation. Le 1er mars, un permis de conduire probatoire pour les nouveaux conducteurs sera mis en place. Un certificat d'aptitude à la conduite, notamment pour les candidats au permis et les 75 ans et plus, est obligatoire depuis le 1er janvier (« le Quotidien » du 17 juin 2003). Il sera étendu dans le courant du second semestre, ou en 2005, « à l'ensemble des conducteurs tout au long de la vie », avec une périodicité décennale jusqu'à 59 ans, et quinquennale, de 60 à 74 ans. Pour les 75 ans et plus, cet examen médical chez le généraliste est bisannuel. Enfin, le CISR appelle à la prévention en direction des jeunes. Les 15-24 ans, qui constituent 13 % de la population, représentent encore 26 % des tués sur les routes. Pour sa part, la Ligue contre la violence routière a demandé aux « constructeurs (qu'ils) cessent de construire des voitures inutilement rapides et puissantes ». L'association imaginant des véhicules « limités à 140 km/h », assurant que ce n'est « pas une utopie » puisque « les Français sont prêts à acheter des véhicules bridés à la construction ».
Il reste encore du chemin à faire si la France veut suivre l'exemple britannique. Dans le Royaume-Uni, on compte deux fois moins de victimes sur autoroute par kilomètre parcouru, et 3 500 morts par an pour le même nombre d'habitants et de véhicules qu'en France.

> PHILIPPE ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7455