« COMMENT le Tour pourrait lutter encore mieux contre le dopage », titrait « le Quotidien » du 30 septembre dernier. Les experts de l'Agence mondiale antidopage constatent que, depuis l'affaire Festina en 1998, « les choses ont changé dans le bon sens », mais que des « manipulations » restent possibles. Les dirigeants du cyclisme et le ministre des Sports sont arrivés à la même conclusion, après la révélation d'un trafic de produits dopants autour de l'équipe Cofidis : l'enquête de la brigade des Stups, commencée en mars 2003, a conduit à plusieurs mises en examen, dont celle du soigneur Bogdan Madejak, qui est en prison, et des coureurs Robert Sassone et Philippe Gaumont.
De gros titres en révélations plus ou moins fantaisistes (les transfusions sanguines paraissent difficiles à mettre en œuvre sur le Tour), l'émotion grandit. Le ministre Jean-François Lamour décide donc d'intervenir rapidement et, à l'issue d'une réunion avec les responsables du cyclisme français (dont le médecin fédéral Gérard Mégret) et des représentants des coureurs, annonce six nouvelles mesures.
Des contrôles vraiment inopinés.
La première mise sur le suivi longitudinal, dont l'intérêt n'est plus à démontrer : les résultats des examens « pourront justifier un retrait de licence, dans l'intérêt de la préservation de la santé du sportif » ; il devra, en outre, en être tenu compte, en particulier des données biologiques, pour la délivrance du certificat médical de non-contre-indication à la compétition, obligatoire pour l'obtention d'une licence. « C'est un moyen de protéger les sportifs contre eux-mêmes et leur entourage », souligne le Dr Mégret.
Deuxième mesure : le renforcement des contrôles, plus nombreux - il y en aura cette année 9 000 pour l'ensemble des disciplines sportives - et en majorité « totalement et véritablement inopinés » (jusqu'alors, il s'agissait souvent de contrôles en stages organisés).
Pour mieux coordonner la lutte contre les trafics de produits dopants, troisième mesure, un groupe technique national d'échanges d'informations est créé : il réunira chaque trimestre, sous l'égide du ministre des Sports, des représentants des ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé, ainsi que du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage. Les liens avec Interpol et Europol seront fortifiés.
La quatrième mesure est une menace qui devrait faire son effet : pour « préserver l'exemplarité des sportifs de haut niveau », les sportifs mis en examen pour des faits concernant des trafics de produits dopants seront interdits d'épreuves qualificatives aux jeux Olympiques d'Athènes.
Pour revenir au cyclisme, les « soigneurs » vont devoir être écartés des équipes, car « la loi française interdit que tout acte de santé soit pratiqué par une personne n'étant pas un professionnel de la santé ». Sachant que peu d'équipes disposent d'un nombre suffisant de kinés et que, après la course, chaque coureur doit être massé pendant 45 à 50 minutes, le problème pratique à régler est de taille.
Enfin, dernière disposition : Jean-François Lamour a demandé au président de la Ligue professionnelle du cyclisme, Thierry Cazeneuve, de réunir les groupements sportifs français pour faire le point sur les conditions de contrôles internes susceptibles d'être renforcées.
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