Réalisé en partenariat avec plus d’une vingtaine de structures regroupées au sein de l’Alliance nationale contre l’ostéoporose, le livre blanc présenté par l’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR) est un « manifeste pour un plan de santé publique » contre les fractures de fragilité liées à cette pathologie.
Sept priorités ont ainsi été retenues en perspective d’un futur plan : « changer de paradigme », avec des campagnes de sensibilisation à destination des professionnels de santé et du grand public ; développer des stratégies de prévention primaire et secondaire des fractures de fragilité ; soutenir la recherche et l’expérimentation de « filières de soins pluridisciplinaires innovantes » ; promouvoir la prévention des chutes et le maintien à domicile des personnes à risques ; créer un registre national des fractures ostéoporotiques.
Chiffres catastrophiques
Pour le Dr Grange, il est aujourd’hui grand temps de mobiliser les pouvoirs publics afin « d’arrêter ce massacre des fractures ». Près de 400 000 surviennent chaque année en France, très majoritairement chez les femmes. « Les chiffres de la prise en charge de l’ostéoporose sont catastrophiques : entre 2010 et 2014, le nombre de patients traités est passé de 1,1 million à 800 000 en 4 ans soit une diminution de 380 000 patients traités », fait remarquer le Dr Grange. Autre signal inquiétant : la baisse de 6 % par an du nombre d’examens de densité minérale osseuse, pourtant remboursés par l’Assurance-maladie. « Il nous faut favoriser le dépistage pour enrayer la baisse de prise en charge constatée ces dernières années », souligne le rhumatologue qui insiste par ailleurs sur la nécessité « d’amplifier et sanctuariser » les filières de soins.
Généralistes en première ligne
Une récente enquête en ligne réalisée par l’AFLAR auprès de 417 malades montre que le médecin généraliste reste le professionnel le plus consulté durant l’année (68 %), devant le rhumatologue (53 %). L’enquête révèle également que 32 % des diagnostics d’ostéoporose sont effectués en médecine générale. Bien qu’en première ligne, les omnipraticiens éprouvent des difficultés dans la prise en charge de ces patients. D’après une autre enquête de l’AFLAR menée auprès de 100 omnipraticiens, plus du tiers juge le dépistage « délicat », tandis que 56 % déclarent méconnaître les médicaments anti-ostéoporotiques les plus utiles. Près de 54 % pointant des problèmes de motivation chez les patients lorsqu’il s’agit d’aborder la question du traitement médicamenteux. En outre, 58,5 % des praticiens jugent « difficile » l’accompagnement de la dépendance des patients provoquée par une première fracture.
Un gouffre financier
Aux yeux du Dr Grange, ce livre blanc doit être un détonateur pour « mobiliser les energies » autour de l’ostéoporose. « Si l’on ne réagit pas, seule une minorité de patients sera traitée et l’on devra affronter dans les années à venir un tsunami de fractures qui vont entraîner un surcoût majeur pour l’assurance maladie », prévient-il. Selon des données CNAMTS, le coût des fractures de fragilité est actuellement estimé à 1,1 milliard d’euros par an pour l’Assurance-maladie. Un chiffre qui pourrait augmenter de 20 % à l’horizon 2025 où 500 000 Français pourraient être concernés chaque année par ces fractures, fait remarquer Robert Launois, économiste de la santé, directeur du Réseau d’évaluation en économie de la santé France et président de la Société française d’économie de la santé. Le coût global annuel estimé de l’ostéoporose grimpe même à 4,8 milliards en prenant en compte les critères de dépendance et de perte de qualité de vie associés à ces fractures.
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