LA RÉPARTITION PAR SPÉCIALITÉ et par ville des postes d'internat révèle chaque année son lot de surprises. L'arrêté paru au « Journal officiel » le 6 juillet ne déroge pas à la règle (voir tableau).
Pour inciter les étudiants à opter pour la médecine générale, le ministère de la Santé a décidé d'employer la manière forte. Il ouvrira à la rentrée universitaire 3 200 postes d'internat en médecine générale sur les 5 704 offerts aux candidats des épreuves classantes nationales (ECN). Sur les 338 postes supplémentaires ouverts cette année, 334 le seront en médecine générale. Cette forte augmentation, combinée à celles enregistrées dans les spécialités médicales (885, + 50 postes) et l'anesthésie-réanimation (260, + 10 postes), a des conséquences. Les spécialités chirurgicales (550), la gynécologie-obstétrique (155), la pédiatrie (200) et la gynécologie médicale (20) restent stables. Le ministère de la Santé retire en revanche 20 postes à la biologie médicale (40) et à la psychiatrie (280), 10 à la santé publique (60), tandis que la médecine du travail (54) verra ses effectifs amputés de six postes.
L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH) encaissent difficilement cette «gifle» ministérielle. «Ce décret contredit le résultat de plusieurs semaines de discussions avec les services du ministère de la Santé, expliquent les deux associations dans un communiqué. Hormis la médecine générale et les spécialités médicales, l'ensemble des autres filières ne devait subir aucune modification.» Étudiants et internes s'interrogent sur le sens de cette manoeuvre. «Pourquoi réduire arbitrairement des filières déjà menacées? Pourquoi amputer la médecine du travail de 10% de ses effectifs déjà bien maigres, et la psychiatrie, priorité du ministère, avec plus de 1100postes non pourvus dans le secteur hospitalier?» L'ANEMF et l'ISNIH s'étonnent également de la réduction des postes en biologie médicale et en santé publique dont les récents états généraux del'organisation des soins ont mis en exergue le rôle primordial dans le système de soins. Les jeunes médecins en formation s'inquiètent des répercussions d'une telle décision et demandent à rencontrer Roselyne Bachelot. «Le ministère de la Santé n'a absolument pas tenu compte des préconisations des DRASS d'équilibrer l'augmentation des postes à 50%-50% entre la médecine générale et les autres spécialités », déplore Olivier Véran, porte-parole de l'ISNIH.
Un appareil de formation à adapter.
L'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) salue pour sa part le «signe fort» du gouvernement en faveur de la médecine générale. Le syndicat demande toutefois de «ne pas oublier la formation de tous les internes, les présents, les nouveaux et ceux qui vont suivre car la réalité sur le terrain n'est pas reluisante». Le Pr Yvon Berland a mis en garde les pouvoirs publics dans le dernier rapport annuel de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) qu'il préside. Il est indispensable, selon lui, d'anticiper dès maintenant la forte augmentation du nombre d'internes en formation dans les années à venir – ils seront au moins 11 000 en plus en 2015 – si l'on veut que ces derniers soient formés dans de bonnes conditions. Il faudra donc trouver de nouveaux terrains de stage, et notamment pour la médecine générale, la pédiatrie, la gynécologie, et chez les praticiens pour le stage en ambulatoire. L'ISNAR-IMG va lancer une campagne de recrutement des maîtres de stage. Pour faire face à l'afflux d'internes à former, le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) réclame également la nomination en urgence de 30 enseignants à mi-temps supplémentaires. La répartition des postes d'internat pour la prochaine année universitaire implique d'important changements de l'appareil de formation en France. Les facultés de médecine devront rapidement s'adapter pour former ces effectifs supplémentaires.
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