DEPUIS « le Fils préféré », on sait que Nicole Garcia s’intéresse aux personnages masculins, à leurs fragilités, et sait les filmer. Avec Jacques Fieschi et Frédéric Bélier-Garcia, ses co-scénaristes, elle s’en offre six, plus un enfant, le Charlie du titre, dont c’est un peu le regard qui est adopté. Dans les trois jours que couvre le film, chacun va être conduit à se poser des questions sur sa vie et, peut-être, en modifier le cours.
Trois jours dans une petite ville au bord de mer où a lieu un colloque de paléontologie. L’invité d’honneur, qui a découvert un homme préhistorique au destin énigmatique, le maire de la ville, un professeur du collège local, un petit escroc et un futur ex-espoir du tennis français vont se croiser, pour certains se retrouver ou s’affronter. Ou, selon les termes de la réalisatrice, «comment les hommes peuvent se tromper, emprunter une histoire, un rêve, un fantasme qui n’est pas le leur, et comment ils peuvent, dans cet égarement, remonter à eux-mêmes».
La mise en place est peut-être un peu laborieuse, les acteurs n’ont guère le temps de poser leur personnage. Peu à peu, cependant, les fils se nouent, les personnalités s’expriment, les émotions se libèrent.
Si les rôles de Jean-Pierre Bacri et de Benoît Poelvoorde n’excluent pas la dimension comique, si l’on frôle souvent le drame, ce film ambitieux ne penche ni d’un côté, ni de l’autre. Son sujet est d’explorer les failles intimes, le sens que l’on peut donner à une vie réussie, en tout cas acceptable. Et ceux qui trouvent les ressorts dramatiques convenus sont sourds à la musique sensible de Nicole Garcia. Faire exister tous ces personnages, coexister cette belle brochette d’acteurs (outre les deux cités plus haut, Benoît Magimel, Vincent Lindon, Patrick Pineau) est déjà une grande force. Transmettre au spectateur des échos de ses propres interrogations est une réussite.
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