POUR FETER son quart de siècle, Médecins du Monde a tout d'abord lancé une importante campagne de communication consacrée aux populations oubliées avec, en signature, « Nous soignons ceux que le monde oublie peu à peu ». Une campagne pour dénoncer le zapping humanitaire et rappeler la double vocation de l'ONG : soigner et se faire le porte-voix des victimes, surtout quand personne n'a souci d'elles (« le Quotidien » du 23 mai).
Vint ensuite la publication de l'album de photos de Gérard Rondeau, « Missions, médecins (jusqu'au bout) du monde »**, une histoire sans parole de l'association sur tous ses fronts (« Le Quotidien » du 28 septembre).
Et à présent, voici les paroles de l'histoire : des forums sur « les aides humanitaires, regards venus du Sud » (vendredi à 19 h), « l'humanitaire en catastrophe » (samedi de 10 h à 12 h), « les perspectives pour l'humanitaire de demain » (samedi de 15 h à 17 h). Les intervenants, issus de diverses ONG, des médias, du monde universitaire, français et étranger, échangeront avis et arguments autour des enjeux et risques politiques, financiers et humains, qui entretiennent des relations complexes, avec parfois des dérives et des effets pervers.
L'action des ONG « inutile ».
On ne manquera pas, en particulier, le thème de l'humanitaire en catastrophe, avec un retour sur les interventions aussi spontanées que nombreuses qui ont suivi le tsunami du 26 décembre 2004. D'aucuns vont jusqu'à affirmer que l'action des ONG fut en grande partie « inutile », puisqu'il n'y avait presque plus personne à soigner, que le risque d'épidémie était inexistant et que le travail d'urgence avait été effectué par les organisations locales.
Autre débat iconoclaste et salutaire, celui qui porte sur les pratiques fortement concurrentielles observées dans le marché de la collecte de fonds, ou sur de nouvelles approches humanitaires, à l'initiative de toutes jeunes ONG, sans lien historique avec le mouvement sans-frontiériste, qui interviennent sans indépendance d'action avec des contrats dits d'opération, purs outils techniques de gestion de crise au service d'Etats ou de bailleurs de fonds privés.
Les forums ne manqueront pas de s'interroger aussi sur la physionomie nouvelle des expatriés : le temps des dons Quichottes et des militants des droits de l'homme semble bien révolu, avec l'avènement de bénévoles devenus des professionnels hautement spécialisés. D'aucuns n'hésitent pas à évoquer le règne des technocrates de l'humanitaire.
Bref, les questions qui fâchent ne manqueront pas, dans le cadre de ces journées portes ouvertes, en écho à la mutation qui est en train de s'opérer.
Entre deux débats, des espaces d'exposition seront proposés avec l'évocation de huit « crises oubliées » (Birmanie, Guinée, Liban, Mexique, Pakistan, République démocratique du Congo, Tchad, Tchétchénie). Médecins du Monde tient à rappeler que la majorité de ses programmes se concentrent sur des crises dépourvues de toute visibilité médiatique, loin des Barnum humanitaires de Bosnie, du Kosovo, d'Irak et d'Asie du Sud-Est, avec leurs clichés : cargos affrétés qui livrent des tonnes d'aide, afflux massifs des dons, élans compassionnels devant les caméras.
Egalement au programme, des expositions photos (« L'engagement des acteurs locaux », « MDM auprès des femmes », « Le geste et le corps »), ainsi que six projections de films tournés avec les Rom dans les Yvelines, en Afghanistan, en Tchétchénie et en Tanzanie.
Les derniers accents de cet anniversaire seront festifs, comme il se doit, au cirque Moreno-Bormann***, où les amis de l'ONG ont rendez-vous samedi à partir de 22 heures.
* 62, rue Marcadet, 75018 Paris ( medecinsdumonde.org).
** Editions du Seuil, 260 pages, 37 euros
*** 112, rue de la Haie-Coq, 75019 Paris, participation : 10 euros.
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