Port du casque chez les cyclistes : c’est pas gagné

Publié le 17/02/2012
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Crédit photo : Phanie

En 2010, 59 cyclistes ont perdu la vie sur notre territoire et 963 ont été sérieusement blessés, selon les données de l’Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR). Or, les deux tiers de ceux dont le pronostic vital est engagé présentent un traumatisme crânien. Pour prévenir ce type d’accident, rien ne remplace donc le port du casque. Malgré son caractère obligatoire dans les textes, nombreux sont les cyclistes qui s’en dispensent. Des chercheurs de l’INSERM ont mené une étude pour tenter de trouver le meilleur moyen de faire changer les comportements et adopter plus largement cet outil de prévention. L’équipe d’Emmanuel Lagarde* a mis en place, entre mai 2009 et septembre 2010, une étude sur le comportement de 1 800 cyclistes âgés de 18 à 75 ans à Bordeaux et dans son agglomération. Les résultats d’une enquête préliminaire sur leurs pratiques et opinions relatives au vélo et au casque sont révélateurs. Si 90 % des participants pensent que le casque protège la tête, seuls 13 % déclarent en avoir déjà utilisé un. Ces cyclistes ont été ensuite répartis en quatre groupes : le premier recevant une brochure valorisant le port du casque, le deuxième un casque gratuit, le troisième une brochure et un casque et le dernier ne recevant rien. Un réseau de 7 caméras a été installé pour surveiller ces cyclistes identifiés par un autocollant de couleur apposé sur leur garde-boue. Publiée dans la revue « PLos One », cette étude montre que le port du casque a été observé huit fois plus souvent dans les premiers mois chez ceux qui en avaient reçu un. C’est après que tout se gâte. « Au bout de quatre mois, plus aucune différence n’était observable entre les différents groupes : la majorité des cyclistes abandonnent le casque », constate Emmanuel Lagarde. Quant à la distribution de brochure d’information, cette méthode n’a eu « aucun effet sur l’utilisation ou non du casque ». En conclusion, les chercheurs estiment que la promotion du casque chez les cyclistes restera difficile. « Pour espérer être efficace, la prévention doit intégrer un accès aisé au casque, une éducation parentale et une communication sur l’intérêt préventif du port du casque à vélo », estiment les chercheurs qui soulignent le rôle important de l’entourage pour pousser à l’utilisation du casque par le cycliste.

*Directeur de recherche INSERM de l’unité INSERM 897, Centre de recherche INSERM épidémiologie et biostatistique

D. B

Source : lequotidiendumedecin.fr