Il arrive que les vivants et les morts se côtoient, il arrive que les temps ne soient plus séparés et que l'enfant que l'on a été demeure au plus près de l'adulte qui se débat. Il en est ainsi dans le théâtre de l'écrivain norvégien dont Claude Régy poursuit l'exploration.
Ces « Variations sur la mort » réunissent six protagonistes simplement désignés comme : l'homme âge, la femme âgée, le jeune homme, la jeune femme, la fille, l'ami. Dans le monde de Fosse, les vivants et les morts coexistent comme coexistent les êtres en tous les âges de leur vie. Ici, le temps et l'espace ne correspondent pas à nos habituels repères. Ici, c'est à dire par l'écriture et aussi par la représentation théâtrale, on échappe aux lois ordinaires du monde. Si on veut bien l'accepter.
Un plateau posé sur les fauteuils de la grande salle, un radeau. Des apparitions comme nées des lointains du théâtre. Des lumières très élaborées de Dominique Bruguière. Des voix, des gestes très précis, des déplacements.
On le dira : l'actrice qui devait interpréter la partition de « la femme âgée », Catherine Sellers, a subi alors qu'avançaient les répétitions, un deuil très cruel, la mort de son mari Pierre Tabard. Catherine Sellers n'est pas là. Ses répliques ont été partagées entre les autres protagonistes ou coupées. Ce dérobement est comme un trou dans le lisse tissu de la représentation. On ne peut s'interdire de penser ce manque. Ce qui a du sens par rapport à la signification du texte, de la représentation.
Il faut accepter. Le temps ici ne pèse pas comme à l'extérieur. Ces faits ont-ils eu lieu ou non ? Guillaume Allardi, Axel Bougousslavsky, Olivier Bonnefoy, Valérie Dréville, Bénédicte Le Lamer sont les corps, les voix qui tentent de nous conduire du côté de ces zones étranges où la mort n'existe pas. Elle nous enveloppe depuis toujours et pourtant nous sommes en vie, nous le croyons...
Théâtre national de la Colline, salle Maria-Casarès, à 19 h 30 le mardi, à 20 h 30 du mercredi au samedi, à 15 h 30 le dimanche (01.44.62.52.52). Durée : 1 h 50 sans entracte. Jusqu'au 7 novembre. Dans le cadre du festival d'Automne. Texte publié par L'Arche.
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