LE SUCCES, c’est simple comme un coup de fil. Un texto plus précisément, celui qu’envoie Olivier Dahan, un jour de janvier 2004, au producteur Alain Goldman, avec lequel il avait travaillé pour « les Rivières pourpres 2 ». Il résume son nouveau projet : «Un grand film d’amour musical, populaire, tragique et romanesque. Un sujet français, un film international, un grand film.» «J’ai démarré au quart de tour», raconte le producteur au « Film français ». Dans ce genre de projet, la raison ne compte pas».
Bien sûr les difficultés ne vont pas manquer, comme le défi de trouver l’actrice capable de jouer Piaf de 20 ans jusqu’à sa mort à 48 ans, dans un état de grand délabrement, d’adopter sa voix et sa démarche si particulières et de chanter en play-back de manière à ce qu’on y croit. Le pari sera gagné grâce à Marion Cotillard, comédienne que l’on savait douée mais pas au point de cette étonnante métamorphose.
Le parti-pris du cinéaste, auteur du scénario, est de mêler les époques avec le souci de faire un portrait intime plutôt que de raconter une vie. L’enfance avec ses malheurs et ses moments de joie, la découverte par Louis Leplée (Gérard Depardieu), les premiers succès, la rencontre avec Marcel Cerdan (Jean-Pierre Martins), les folles nuits, la drogue, l’usure... se mêlent avec un très subtil art de l’ellipse, qui peut cependant rendre certains épisodes un peu obscurs à qui connaît mal la vie de la chanteuse.
Le tragique et le romanesque promis par Dahan le poussent aussi par moments à une hystérisation de son personnage qui correspond peut-être à la réalité mais qui est un peu fatigante par moments. C’est vite oublié grâce à la performance de Marion Cotillard et surtout à la force d’émotion qui continue d’émaner de chansons telles que « la Vie en rose », « l’Hymne à l’amour » ou « Je ne regrette rien ».
Si l’on excepte « les Rivières pourpres 2 », Dahan signe depuis « Déjà mort » des films personnels. « La Môme » ne fait pas exception, malgré le poids du mythe Piaf. C’est sans doute le coeur de cette réussite cinématographique.
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