Un nouveau traitement, appelé E2F-Decoy, a été testé avec succès dans la prévention de la sténose des greffons (autogreffe) utilisés dans les pontages coronariens. Ce sont les résultats de l'étude PREVENT 2 (Project of Ex-Vivo Vein Graft Engineering Viatransfection 2) présentés par le Dr Eberhard Grube (Allemagne).
Blocage du cycle cellulaire
E2F-Decoy est un oligonucléotide conçu pour inactiver le facteur de transcription E2F : celui-ci stimule la transcription de gènes conduisant à la synthèse d'enzymes impliquées dans la division cellulaire, la dihydrofolate réductase, la thymidine kinase, la thymidylate synthase, etc. Lorsque la cellule est incapable de se diviser, le facteur E2F ne peut agir, bloqué par une autre molécule, la protéine Rb. Au début de la division cellulaire, Rb passe de la forme active - qui se lie à E2F et le bloque - à une forme inactive incapable de se lier à E2F. E2F est alors libre d'enclencher le processus qui conduit à la division cellulaire et cette division échappe à tout contrôle par des facteurs extérieurs. Le blocage de E2F permettrait donc, selon ses concepteurs, de stopper la division cellulaire et, en conséquence, d'empêcher l'hyperplasie néo-intimale du tissu, en l'occurrence du greffon.
Une étude randomisée
L'équipe du Dr Eberhard Grube a inclus 200 patients devant bénéficier d'un pontage coronarien randomisés en deux groupes : l'un était ponté avec un greffon préalablement traité par E2F-Decoy, le second, selon la technique habituelle, avec un greffon veineux non traité.
Le groupe comprenait des patients considérés à haut risque traités par un double pontage. Tous les patients randomisés ont été suivis pendant un an. Selon l'équipe cardiologique, le traitement préalable du greffon n'allonge pas le temps de la procédure et n'en modifie pas le cours habituel. Les investigateurs n'observent aucune différence dans l'incidence des événements secondaires entre le groupe traité et le groupe contrôle. Mais le succès de ce traitement était essentiellement évalué un an après l'intervention ; l'échec du greffon étant défini comme une sténose supérieure à 75 % ou par la mesure de son volume en angiographie ou échographie endovasculaire. Cent trente-six patients (soit 309 greffons) ont ainsi été examinés à un an après le pontage.
Le taux d'échec était de 38 % dans le groupe contrôle contre 27 % dans le groupe traité, soit une diminution de 30 %. La différence est statistiquement significative, a expliqué l'auteur. L'hyperplasie du greffon, évaluée par l'échographie endovasculaire, était également significativement plus faible dans le groupe traité (79 cm3 versus 115 cm3).
D'après la communication du Dr Eberhard Grube, (Allemagne).
Un essai dans les pontages distaux
Corgentech, basée à Palo Alto, en Californie, a annoncé en août 2001 qu'elle avait obtenu l'agrément de la FDA pour conduire une étude de phase III destinée à évaluer l'efficacité de son produit, l'E2F-Decoy, dans les pontages vasculaires périphériques. Depuis septembre 2001, 40 centres hospitaliers américains doivent randomiser 1 400 patients atteints d'artériopathie oblitérante des membres inférieurs. Les patients seront suivis et examinés à un, trois, neuf et douze mois. La nécessité de réintervenir sur le greffon, voire l'amputation, est le premier critère de l'étude. Le second critère de l'étude doit comparer l'incidence des sténoses du greffon.
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