LES POMPIERS et les urgentistes, qui s'étaient opposés à l'automne dernier sur la question de savoir à qui devait échoir l'autorité en matière d'organisation des secours aux personnes, ont enterré la hache de guerre à la faveur de la rédaction d'un référentiel qui «traduit une réelle avancée dans l'harmonisation des conceptions et l'amélioration des pratiques», selon l'expression des urgentistes. La polémique était allée assez loin entre les rouges (pompiers) et les blancs (urgentistes), les premiers revendiquant le rôle de «colonne vertébrale des secours», les deuxièmes faisant valoir que, même pour les secours aux personnes, la bonne solution n'était pas de «foncer tête baissée vers l'hôpital le plus proche», mais de réguler et d'orienter vers l'hôpital le mieux adapté à la pathologie ou au traumatisme.
Contexte passionnel.
C'est dans ce contexte passionnel qu'avait été décidée l'installation d'un comité quadripartite (blancs, rouges, ministères de la Santé et de l'Intérieur), chargé de rédiger un référentiel répartissant les rôles et prérogatives des uns et des autres dans le cadre du secours aux personnes. Il en ressort un document qui a été remis aux ministres concernés en fin de semaine dernière, et qui répartit les rôles et missions de chacun. Ce référentiel énumère notamment trois principes :
– la transmission au SAMU, immédiate, systématique et complète, des informations reçues par les pompiers lors de l'appel pour un patient ;
– la transmission au SAMU du bilan effectué par les pompiers en intervention ;
– l'orientation du patient par le médecin régulateur du SAMU.
De plus, ce référentiel cadre les conditions d'intervention des infirmiers des sapeurs-pompiers, mais elles seront précisées dans une convention qui reste à écrire.
Plus généralement, une interconnexion totale entre les différents centres d'appels d'urgence (le 15 et le 18) sera mise en place dans tous les départements. La compétence systématique des sapeurs-pompiers dans les secours aux victimes sur la voie et dans les lieux publics est ainsi confirmée, mais la réaffirmation du principe de médicalisation préhospitalière des urgences met en avant le rôle des urgentistes pour les victimes de pathologies ou de traumatismes lourds, dont ils assurent l'orientation, sinon le transport vers l'hôpital.
Mais, mieux encore, ce travail de rédaction en commun aura été l'occasion pour les pompiers et les urgentistes d'apprendre à se connaître. Le Dr Patrick Pelloux indiquait ainsi voici quelques semaines au « Quotidien » que le travail au sein du comité quadripartite avait permis aux deux parties «de se comprendre et de s'apprécier»,rompant ainsi avec le ton moins amène qui prévalait antérieurement. Même état d'esprit pour le Dr Marc Giroud, président de SAMU de France, qui parle d'un «climat qui s'est rapidement avéré cordial, où chacun a délibérément adopté une attitude responsable, pragmatique et constructive, guidée par le seul intérêt du patient». Enfin, du côté des pompiers, le colonel Vignon se déclare «très satisfait», et souhaite «rendre hommage à l'esprit de responsabilité qui a prévalu et qui a permis à chacun de surmonter nos différences et nos différends pour mieux nous organiser ensemble et obtenir des résultats constructifs».
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