Qu'on se le dise : la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) ne souhaite en aucun cas faire des économies sur le dos des personnes âgées.
Cet été, un accord de bon usage des soins (AcBUS) sur « la polymédication des personnes âgées » signé par les caisses et le syndicat de généralistes MG-France avait suscité un vif émoi. Ce texte comporte en effet un indicateur de suivi des pratiques médicales (le taux d'ordonnances délivrées à des personnes âgées de plus de 75 ans comportant cinq médicaments et plus) qui, selon la caisse, a été « mal compris ». « Nous pensons que l'accord aura un impact sur cet indicateur, précise-t-on à la CNAM, mais il s'agit d'un enjeu de santé publique, qui est triple : réviser régulièrement l'ordonnance et la pharmacopée des patients concernés ; supprimer les médicaments qui doublonnent et qui sont source d'accidents ; et supprimer les produits inutiles. » Les accidents médicamenteux, précise la caisse, sont en moyenne « deux fois plus fréquents chez les plus de 65 ans que dans le reste de la population ». Or, chaque année, plus de 130 000 personnes seraient hospitalisées en raison d'un malaise ou d'un accident lié à la prise de médicament. Ce 1,2 million de journées d'hospitalisation liées à la prise de médicaments a aussi un coût : 320 millions d'euros environ. « Chaque médicament doit être utilisé là où il est nécessaire », martèle-t-on à la CNAM.
Agrément tardif
La polémique suscitée par cet accord n'est pas tout à fait retombée. Le ministère de la Santé n'a d'ailleurs pas encore validé le texte, preuve d'un malaise persistant sur sa formulation exacte. En clair, ce n'est pas le moment de laisser penser que les pouvoirs publics recherchent des économies en s'attaquant aux ordonnances des personnes âgées. « Il faudra peut-être faire quelques ajustements », admet la caisse.
Le dispositif devrait être expérimenté au cours du quatrième trimestre 2003 dans trois régions. Il sera ensuite généralisé à l'ensemble du territoire. L'accord prévoit notamment que le généraliste puisse identifier l'ensemble des thérapeutiques prescrites simultanément à un même patient, peut-être grâce à un bilan annuel. « Appliqué avec la rigueur nécessaire, note la caisse, ce texte doit, permettre de mieux contrôler le risque d'iatrogénie chez les plus fragiles : les personnes âgées ».
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