De notre correspondante
à New York
Commençant chez l'enfant, la polykystose rénale autosomique récessive est relativement rare, puisque son incidence est estimée à 1 pour 20 000 naissances. Mais, caractérisée par une dilatation des tubes collecteurs et un développement imparfait des canaux biliaires, elle représente une cause importante de morbimortalité rénale et hépatique.
On a pensé, par le passé, que c'était une famille de maladies et on distinguait les formes néonatale, infantile ou juvénile, selon l'âge de début de la maladie et le degré relatif de l'atteinte des reins et du foie. Plus récemment, les études de liaison l'ont présentée comme une maladie monogénique avec une présentation phénotypique variable (hétérogénéité allélique ; gènes modificateurs ; effets de l'environnement).
Décès néonatal : 30 % des cas
La plupart des cas sont diagnostiqués au cours de la première année de la vie et se présentent comme des douleurs abdominales bilatérales. Les reins ont une taille augmentée, les tubes contournés distaux et les tubes collecteurs sont dilatés en kystes. Le décès au cours de la période néonatale (30 % des individus atteints) est dû, le plus souvent, à une hypoplasie pulmonaire. Chez les survivants, l'hypertension et la perte de concentration urinaire sont habituelles ; le délai d'évolution vers l'insuffisance rénale chronique terminale est variable ; celle-ci survient au cours des dix premières années dans la moitié des cas.
Chez les enfants plus âgés, la présentation est généralement associée à une maladie rénale moins sévère, mais marquée par des complications secondaires à la fibrose hépatique congénitale (hépatosplénomégalie, hypertension portale et varices œsophagiennes). Alors que deux gènes ont été identifiés pour la forme dominante, plus courante, de la polykystose rénale, il est apparu plus difficile de déterminer la cause génétique de la forme récessive.
Il y a plus de sept ans, des chercheurs allemands ont pourtant localisé le gène de la forme récessive sur une région du chromosome 6. Une équipe dirigée par le Dr Peter Harris, de la Mayo Clinic du Minnesota, vient d'identifier le gène de la forme récessive, après avoir découvert, dans un premier temps, le gène muté responsable d'une maladie similaire chez le rat.
Un gène exprimé dans le rein, le foie et le pancréas
Le gène, appelé PKHD1 (Polykystique Kidney and Hepatic Disease 1), a été trouvé muté chez 11 patients de familles différentes, atteints de la forme récessive (des mutations faux-sens et des mutations résultant en une protéine tronquée). Exprimé dans le rein, le foie et le pancréas, aussi bien chez le fœtus que chez l'adulte, il code, selon les prévisions des chercheurs, pour une grande protéine qu'ils ont nommée fibrocystine. Laquelle présente de multiples copies d'un domaine trouvé chez les plexines et les facteurs de transcription et pourrait être un récepteur agissant dans la différenciation des canaux biliaires et des tubes collecteurs.
Selon Ward, Harris et coll., la découverte devrait améliorer les chances de pouvoir diagnostiquer génétiquement la maladie, ainsi que la prédire chez les membres des familles à risque.
« Nature Genetics », DOI 10.1038/ng833, mars 2002.
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