Les manifestations pathologiques de la polyarthrite rhumatoïde (PR) semblent liées à un excès de production d'une cytokine, le TNF (tumor necrosis factor), par rapport à ses inhibiteurs naturels. De nombreux travaux témoignent de l'efficacité et de la tolérance d'inhibiteurs de sa synthèse pour rétablir cet équilibre.
Dans une première étude publiée en 1999, Moreland démontre avec étanercept une amélioration significative des patients dont la PR ne répond pas aux drogues courantes. Cette efficacité est dose dépendante, les résultats optimaux étant obtenus avec l'administration bihebdomadaire de 25 mg. A 3 mois, 62 % des patients traités à cette posologie (contre 23 % des patients sous placebo) ont une amélioration de 20 % au score de l'American College of Rheumatology (ACR). A 6 mois, ce taux de succès passe à 59 % pour le groupe traité et à 11 % pour les témoins.
Persiste dans le temps
Le bénéfice de ce traitement persiste dans le temps, comme en témoigne une seconde publication de cet auteur en 2001, après un suivi de vingt-cinq mois en moyenne des mêmes sujets (au maximum quarante-trois mois). Plus de la moitié des patients qui bénéficiaient d'une corticothérapie associée ont pu l'interrompre ou en diminuer la posologie. La tolérance est acceptable (7 % des patients retirés de l'étude pour effets secondaires mineurs).
Bathon démontre une supériorité d'étanercept sur le méthotrexate (MTX) chez les patients porteurs d'une polyarthrite rhumatoide à un stade précoce. L'amélioration clinique est plus rapide et 72 % des patients sous étanercept (contre 60 % sous méthotrexate) n'ont pas d'aggravation du score d'érosion osseuse radiologique de Sharp. On constate également moins d'effets secondaires et d'infections qu'avec le méthotrexate.
Dans l'étude Era, Genovese confirme cette supériorité clinique, radiologique et sur la tolérance à douze et vingt-quatre mois.
74 % de réponses favorables
Lovell évalue ce traitement dans la polyarthrite rhumatoïde juvénile chez des sujets de 4 à 17 ans. A l'issue d'une première phase de trois mois, 74 % des patients répondent favorablement. Durant la seconde période de quatre mois, les mêmes patients se voient attribuer, en double aveugle, soit le traitement, soit un placebo. Dans le groupe traité, 28 % des patients s'aggravent contre 81 % chez les témoins. Le temps moyen d'apparition des signes de maladie est de cent seize jours dans le premier groupe contre vingt-huit jours chez les témoins.
L'inhibition TNF semble donc être une voie pleine de promesses, mais qui ne reposera peut-être pas uniquement sur les dérivés recombinants. L'isolement d'un Pox virus capable de générer cette inhibition dans toute cellule infectée, signalé par Brunetti dans une publication du 15 avril dernier, pourrait déboucher sur une nouvelle stratégie thérapeutique.
« Enbrel, une recherche de pointe pour une thérapie ciblée », Symposium Wyeth-Lederlé, Montpellier.
Moreland L.W. & coll. Ann Intern Med. 1999 ; 130 : 478-486.
Moreland L.W. & coll. J Rheum. 2001, vol. 8, n° 6 ; p. 1238-1244.
Bathon J.M. & coll. New Engl J Med. 2000 ; 343 : 1586-1593.
Genovese M.C. & coll. A&R. 2002, vol. 46, n° 6 : 1443-1450.
Lovell. New Engl J Med. 2000 ; 342 : 763-769.
Brunetti C.R. & coll. Proc Natl Acad Sci. 2003 ; 100(8) : 4831-4836.
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