E NVIRON 1 % des adultes sont affectés par la polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune de cause inconnue qui provoque une inflammation chronique des articulations et la destruction du cartilage et de l'os.
Les traitements actuels sont loin d'être satisfaisants et n'empêchent pas les dégâts articulaires. De nouvelles approches thérapeutiques prometteuses sont enfin en développement. Une nouvelle approche consiste à cibler le TNF-alpha et sa cascade pro-inflammatoire qui joue un rôle central dans l'inflammation des articulations. Des agents comme le récepteur soluble du TNF ou un anticorps contre le TNF pourraient être plus efficaces que les traitements conventionnels. Il reste que des patients ne répondent pas ou peu à ce traitement.
L'équilibre Th1/Th2
Une autre stratégie thérapeutique proposée est de manipuler l'équilibre Th1/Th2, à savoir, augmenter la fonction Th2 et supprimer les cellules Th1. En effet, alors que le profil des cytokines produites par les cellules Th1 prédomine à la phase aiguë de la maladie, la réponse Th2 est associée à la phase de rémission de la maladie.
Dans cette ligne stratégique, une équipe espagnole, dirigée par le Dr Delgado (université de Madrid), a justement découvert que le VIP, ou peptide intestinal vaso-actif, favorise la différenciation Th2 et inhibe les réponses Th1. Le VIP est un neuropeptide présent dans le micro-environnement lymphoïde. Il a de nombreuses fonctions, y compris la modulation de l'immunité, et présente une action anti-inflammatoire.
Delgado et coll. ont donc exploré l'effet thérapeutique potentiel du VIP dans un modèle expérimental de PR chez la souris : l'arthrite induite par le collagène. Les souris immunisées par le collagène (deux injections sous-cutanées à trois semaines d'intervalle) développent, un mois et demi après, une arthrite auto-immune qui ressemble en de nombreux points cliniques, histologiques et immunologiques à la PR.
Les chercheurs montrent que le VIP peut prévenir l'arthrite chez la souris : après la seconde immunisation, ils ont injecté en intrapéritonéal le VIP, à différentes doses (5 et 10 nmol), tous les jours ou tous les deux jours, pendant deux semaines ; le traitement VIP, quel que soit le protocole, a retardé la survenue, réduit l'incidence et diminué la sévérité de l'arthrite. Les articulations ne sont pas enflées et, à l'examen histologique, il n'existe aucun signe d'inflammation des synoviales, de destruction du cartilage ou d'érosion osseuse. De plus, une seule injection de VIP au début de la maladie améliore significativement la maladie, même si l'effet est moindre qu'avec des injections quotidiennes. Aucun rebond d'arthrite n'est observé deux semaines après l'arrêt du traitement. Les chercheurs montrent aussi que le VIP peut améliorer l'arthrite déjà établie (administration douze jours après la survenue de la maladie). Le VIP prévient aussi le transfert adoptif de l'arthrite.
Cet effet thérapeutique du VIP, ont constaté les chercheurs, est associé à une inhibition des deux composantes inflammatoire et auto-immune de la maladie. Ainsi, le VIP pourrait protéger l'articulation directement, en supprimant la production synoviale des médiateurs inflammatoires (TNF-alpha, IL1, chimiokines, enzymes dégradant la matrice), et indirectement, en altérant l'équilibre Th1/Th2 (en inhibant la fonction Th1 et en augmentant la fonction Th2).
« Le VIP ou ses analogues sont donc des candidats attrayants pour le traitement de la PR », concluent les chercheurs, qui soulignent que de très faibles doses pharmacologiques de VIP sont nécessaires pour observer un effet thérapeutique important. Selon le Dr Firestein (université de San Diego, La Jolla, Californie), auteur d'un commentaire associé, « ces résultats sont encourageants », malgré la possibilité d'effets secondaires (gastro-intestinaux ou baisse des défenses de l'hôte). « Bien que le traitement direct par des cytokines Th2 soit une approche raisonnable, l'administration de VIP pourrait être supérieure, réorganisant les réponses immunes et inflammatoires ».
« Nature Medicine », mai 2001, pp. 563 et 537.
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