L A communication que doit faire, ce matin, devant la presse, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, et qui aura lieu quelques heures avant que le Premier ministre ne s'exprime, ce soir, sur France 2, se situe bien évidemment dans le cadre de la relance de l'action gouvernementale décidée par Lionel Jospin. Une relance rendue indispensable par l'insuccès relatif enregistré lors des élections municipales par la gauche plurielle. Une relance qu'impose surtout la grogne sociale multiforme qui se manifeste dans le pays depuis quelques semaines - et qui, soit dit au passage, n'épargne pas le monde de la santé.
Nombre des mesures annoncées à la fin de la semaine dernière - qu'il s'agisse du renforcement du programme TRACE pour l'insertion des jeunes ou du renchérissement du coût des licenciements pour les entreprises bénéficiaires - concerne au premier chef la ministre de l'Emploi et de la Solidarité.
Elisabeth Guigou va donc se retrouver, dans les douze mois à venir, en première ligne. Elle devra non seulement mettre en musique les mesures sociales annoncées par le gouvernement, mais aussi mener à bien des réformes déjà engagées, faire voter l'allocation personnalisée à l'autonomie, suivre la mise en œuvre des 35 heures dans les petites entreprises, etc. Dans le domaine de la santé, outre l'entrée en vigueur des 35 heures dans les hôpitaux publics - dont le coût est évalué à 10 milliards et qui est lourde de menaces en termes de conflits sociaux -, la maîtrise des dépenses de médecine de ville, et plus globalement la réorganisation des soins ambulatoires, reste un dossier délicat pour le gouvernement. Après la réunion, vraisemblablement en mai, de la commission des comptes de la Sécurité sociale, qui ne pourra guère que constater, en matière d'assurance-maladie, une hausse des dépenses supérieure aux prévisions, après les conclusions du comité des sages chargé d'émettre des propositions en matière de médecine de ville, Elisabeth Guigou devra trancher rapidement. Et faire figurer certaines mesures dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2002. La ministre devrait cependant ne pas attendre jusque-là pour annoncer des mesures dans le domaine des médicaments dont les remboursements continuent à progresser au rythme de 8,7 % (voir ci-dessous).
Répondre aux critiques
En s'exprimant devant la presse sur l'ensemble de ces dossiers en recevant prochainement l'ensemble des organisations syndicales de salariés, ainsi que la CGPME et l'UPA, Elisabeth Guigou cherche aussi à reprendre la main et à montrer que, dans une période difficile pour l'équipe de Lionel Jospin, elle ne reste pas inerte. C'est pour elle d'autant plus indispensable que son action a été parfois critiquée ces derniers mois, sinon par l'opinion publique - elle demeure, après Bernard Kouchner, l'une des personnalités les plus populaires du gouvernement -, du moins par les médias et la classe politique, où certains l'ont trouvée quelque peu inexistante. Elle n'avait notamment pas séduit, de prime abord, les députés socialistes de la commission des Affaires sociales qui, pour certains, la jugeaient moins impliquée dans ces dossiers que Martine Aubry. Certains lui ont reproché, plus récemment, une certaine transparence médiatique lors de l'annonce des licenciements chez Danone et Marks & Spencer. Son échec aux municipales - qui n'a rien d'infamant, tant son pari de conquérir une ville où la droite était bien implantée et disposait d'un bon bilan était périlleux - a également contribué à la déstabiliser. Elle est du reste désireuse de tourner la page et vient d'indiquer qu'elle ne sera « plus candidate à la mairie d'Avignon ». Tous ces éléments exigeaient qu'Elizabeth Guigou réaffirme sa présence et mette en perspective son action. C'est ce qu'elle compte faire aujourd'hui.
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