Au cours de la traditionnelle réunion de rentrée de l'Association des cadres de l'industrie pharmaceutique (ACIP), le ministre de la santé, Jean-François Mattei, est revenu sur le volet médicaments du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), et sur ce qu'il convenait de faire avec les professionnels de ce secteur pour « redresser le système de santé ».
Premier impératif pour Jean-François Mattei : accélérer le développement des génériques et procéder au déremboursement de certains médicaments. « Le forfait de remboursement (un tarif de prise en charge unique, pour tous les médicaments d'une classe thérapeutique donnée, calculé sur le prix du générique le moins cher de cette classe) vient en complément de la politique de substitution », assure le ministre de la Santé. Lorsque ce sera jugé utile, les pouvoirs publics recourront à ce forfait de remboursement, « mesure qui a fait ses preuves dans d'autres pays ».
Quant au déremboursement de certains médicaments à service médical rendu (SMR) insuffisant, Jean-François Mattei est précis : « Nous nous sommes donné trois ans, aucune liste n'est établie a priori, et nous saurons faire la différence entre les produits que nous souhaitons voir disparaître, ceux qui relèvent de l'automédication, et ceux qui, malgré un SMR insuffisant, n'ont pas de substitut plus efficace. » Et de citer le cas de l'aspirine vitaminée C, déremboursée l'année dernière « à l'initiative des industriels eux-mêmes », et dont le chiffre d'affaires est en hausse.
Deuxième préoccupation pour le ministre de la Santé : la recherche pharmaceutique. « Les efforts de recherche doivent être soutenus en encourageant les produits innovants, en accélérant leur mise sur le marché, et en aidant au développement des médicaments de demain. » Accélérer la mise sur le marché signifie pour le patient accéder plus tôt aux nouveaux traitements, et pour l'industriel, un allongement de la durée de vie sous brevet de son médicament.
Par ailleurs, le ministre a souhaité un rapprochement entre les entreprises de biotechnologie et les entreprises pharmaceutiques de taille moyenne, car « plus de 50 % des nouveaux médicaments sont liés aux biotechnologies ».
En revanche, pour Jean-François Mattei, le commerce parallèle, qui se développe en Europe, pénalise les entreprises du médicament : « Il n'est pas légitime que des intermédiaires jouent sur les écarts de prix imposés aux entreprises, dans les différents pays, pour dégager du profit ; j'ai ainsi accepté de participer au groupe de travail européen sur ce thème, et je souhaite pouvoir étudier le principe d'un prix (français) aligné sur celui de pays européens. »
Enfin, le ministre de la Santé souhaite simplifier la fiscalité de l'industrie pharmaceutique. Il explique que « le PLFSS organise une simplification de la taxe sur la promotion ; l'assiette, mieux définie, ne sera pas contestée, et certaines dépenses, comme les colloques, ne seront plus prises en compte. » De même, le dispositif d'admission au remboursement devrait être révisé en concertation avec tous les acteurs, y compris les cotisants, et devrait être prêt pour juillet prochain, date de renouvellement de la commission de la transparence, chargée d'étudier et de renouveler les demandes de remboursement des médicaments.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature