Le rapport du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance-maladie (HCAAM) prévoit qu’en 2020 le déficit de l’Assurance maladie dépassera les 20 milliards d’euros, en 2013 il était de 7,7 milliards ( Le Canard Enchaîné du 8/01/2014 – Le Figaro du 2/01/2014). L’HCAAM ne s’attend donc pas à une augmentation de ses recettes dans les prochaines années. Les sources actuelles de son financement étant les personnes salariées et les employeurs, nous en déduisons que l’HCAAM n’envisage pas une diminution du chômage dans les prochaines années et/ou prévoit une politique d’allégement de plus en plus conséquente des charges sociales pour les entreprises. D’où sa conclusion : « une maîtrise énergique et permanente » des dépenses, à commencer par celle des hôpitaux.
• Doit-on réduire encore le nombre des professionnels de Santé : infirmières, médecins… ?
Lorsqu’on nous apprend qu’il est nécessaire, du fait du manque de praticiens hospitaliers (PH), d’employer en intérim des médecins payés plus cher que les PH. Dépense : ½ milliard par an environ. (Journal de 20 heures sur TF1 du 18/12/13). En psychiatrie : 20% de postes vacants, 40% des médecins psychiatres vont prendre leur retraite (Information France Inter le 8/01/14.)
• Le sénateur Gérard Larcher préconise une étatisation totale du système de santé avec la suppression de la CNAM. Veut-il reproduire le National Health System (NSH) anglais, salué par le syndicat MG-France il y a quelques années, mais reconnu actuellement comme une faillite économique, avec des indicateurs de santé médiocres et une inégalité d’accès aux soins.
Il préconise aussi une augmentation de la CSG et une hausse « modérée » de la TVA, car s’il ne croit plus au financement de l’Assurance Maladie par les seules cotisations sociales, il croit à la persistance du chômage et à un allégement de plus en plus important des charges sociales des entreprises.
• Quant à Monsieur Antoine Durrleman, Président de la 6eme chambre de la Cour des Comptes, il veut donner les pleins pouvoirs aux Agences Régionales de Santé (ARS). Conscient de la pénurie des médecins généralistes (en croissance constante), il considère que leur corvéabilité doit être augmentée. Il refuse donc toute corrélation entre la diminution du nombre des médecins et le système de garde défaillant en la supprimant artificiellement par l’augmentation des réquisitions médicales. A priori tout médecin doit être actif 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (comme lui ?). Selon ses propos, les préfets réquisitionnent trop peu les médecins et le Conseil de l’Ordre des Médecins exempte trop de médecins, âgés de 60 ans et plus, des permanences de soins, d’où sa proposition de donner les pleins pouvoirs à des ARS dictatoriales qui disposeront à leur guise des médecins.
• Pour la permanence des soins, Monsieur Antoine Durrleman pense pallier l’insuffisance des services d’urgence, en demandant que l’hôpital n’accueille que les « véritables urgences » et les libéraux « la demande des soins non programmés » (?). Mais l’urgence ne fait-elle pas partie des soins non programmés, et le 15 ne demande-t-il pas au médecin libéral ou à S.O.S médecin de se déplacer pour déterminer si le cas nécessite l’intervention du SAMU ? Monsieur Antoine Durrleman, la médecine est complexe, et ni le téléphone, ni Internet ne pourront remplacer un examen médical en présence du patient.
Depuis plusieurs années la politique gouvernementale de la Santé se plie en permanence au bon plaisir de la stratégie des financiers. Elle ressemble plus un assemblage de bricolages (cautionnés grâce à une distribution de Légions d’Honneur et soutenus par les médias) abusivement nommé « Médecine Innovante », et totalement instable. Après le 30 mars, les élections municipales étant passées, la politique de la Santé devrait s’éclaircir. Les lobbyistes auront-ils convaincu l’Elysée et Matignon de délaisser financièrement le social, les belles paroles ne coûtant rien ?
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