Qui a tort ? Qui a raison ? Difficile de s'y retrouver dans les comptes du gouvernement et de l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF) pour savoir combien coûteront la revalorisation de la consultation de 17,53 à 20 euros et celle de la visite à domicile de 20,58 à 30 euros réclamées par les médecins généralistes en grève.
Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, a déclaré lors du Grand jury RTL-« le Monde »-LCI, que ces demandes de revalorisation représenteraient « 7 milliards de francs, soit 1,2 milliard d'euros de coût pour la Sécurité sociale ». Selon le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF, qui est à l'origine de la grève, ces demandes coûteraient seulement 300 millions d'euros à la Sécurité sociale. Il considère que l'augmentation du tarif de la visite aurait en réalité un coût nul, car seules les visites médicalement justifiées seraient remboursées. « Les travaux de la commission de la nomenclature en novembre visent à instituer un plan d'utilisation rationnelle de la visite, en définissant pour cela le nombre de critères pour qualifier ou non l'utilité d'une visite. L'objectif est d'obtenir 50 % de visites en moins. En France, un médecin généraliste effectue en moyenne 30 % de visites et 70 % de consultations, alors qu'en Europe, la moyenne est de 5 % de visites et de 95 % de consultations. Nous demandons donc qu'il y ait moins de visites, mais qu'elles soient mieux payées. Si le nombre de visites est divisé par deux, l'économie réalisée permettra de financer la différence entre le tarif actuel et le tarif demandé », affirme le Dr Chassang.
En réalité, l'argumentation de l'UNOF se heurte à deux problèmes : tout d'abord, il ne va pas de soi que seules certaines visites soient remboursées. Il paraît difficile en effet de concevoir que le gouvernement accepte ce principe, qui risque de mécontenter une forte partie de la population.
Par ailleurs, l'UNOF fait le pari que les visites non remboursées ne se transformeront pas automatiquement en consultations. Cela n'a rien de certain. On peut en effet imaginer que la majorité des patients préféreront se déplacer au cabinet, que de payer entièrement de leur poche une visite non remboursée. Le raisonnement de l'UNOF est donc contesté.
Selon la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), si les revalorisations demandées étaient appliquées en fonction du nombre de consultations et de visites effectuées en 2000, leur impact s'élèverait au total, tous régimes confondus, à 1,2 milliard d'euros, dont 0,55 milliard d'euros pour les consultations et 0,65 milliard d'euros pour les visites. Compte tenu d'un remboursement moyen que l'on peut évaluer à 80 % environ (la plupart des consultations et visites étant remboursées à 70 %, mais un certain nombre l'étant à 100 %), le coût pour la Sécurité sociale serait légèrement inférieur à 1 milliard d'euros.
Quant aux médecins, ils bénéficieraient, à activité égale, d'une augmentation de 20 % de leurs revenus, toujours selon la CNAM.
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