À EN CROIRE une dépêche de l’Agence France Presse, le bilan du Samu social de Paris serait jugé «insatisfaisant» par le rapport publié par la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France. Les conclusions dudit rapport sont pourtant plutôt louangeuses : «Le Samu social de Paris contribue certainement à améliorer de façon significative la condition physique des personnes sans abri à Paris», peut-on y lire en effet. De nombreux points sont portés à son actif, telles une réelle capacité de mobilisation (plan hiver), sa capacité d’innovation et de développement de nouvelles activités (observatoire, maraude de jour, maisons-relais) ou encore l’organisation des relations avec les autres organismes parisiens qui accueillent des sans-abri.
Ces bons points n’excluent évidemment pas que le pilotage du GIP puisse être amélioré. Ainsi, ses dépenses ont, en 2004, atteint 24 millions d’euros pour l’hébergement dans 150 hôtels de plus de 3 000 adultes, sur un budget total de 38 millions d’euros. C’est donc près des deux tiers du budget qui rémunèrent des prestations médiocres facturées à un coût élevé (jusqu’à 2 040 euros par mois pour une famille de quatre personnes). De plus, le Samu social aurait délégué la recherche de nouveaux hôtels à des intermédiaires privés qui auraient facturé leur concours pour la bagatelle de 383 000 euros, au titre de leur marge commerciale, précise une dépêche d’agence.
Ces dépenses seraient d’autant plus sujettes à caution que le Samu social de Paris assume une mission – l’hébergement des familles en situation irrégulière – qui ne relèverait pas de sa compétence première. «Il colmaterait les brèches au mieux, sans que les administrations de tutelle ne soient véritablement saisies du problème.»
Faux, rétorque Stefania Parigi, directrice du Samu social : «Le fait de ne laisser aucune famille avec enfants dans la rue est dans notre cahier des charges. Et seulement 50places en hébergement collectif sont mises à la disposition du GIP, alors que, dans la capitale, créer des structures d’hébergement pour celles-ci reste très compliqué.»
Bref, résume Mme Parigi, «le fait que l’on ait recours à des hôtels signifie que l’on n’a pas de place ailleurs pour héberger ces familles sans droits (...) Nous butons sur l’engorgement de l’accès au logement et le fait que ces personnes n’ont pas de statut et de droits».
« Une cabale politique ».
Président fondateur du Samu social, le Dr Xavier Emmanuelli, interrogé par « le Quotidien », dénonce pour sa part «une cabale d’ordre politique menée contre un outil prestigieux de lutte contre la misère. On nous attaque avec des allégations mensongères, comme le versement d’une marge commerciale à des prestataires privés, alors que les sommes en question recouvrent le paiement de factures d’hôtels. Cette campagne s’inscrit dans l’air du temps politique», affirme-t-il, en rappelant que le Samu social a été créé en novembre 1993, alors que Jacques Chirac était maire de Paris.
«Oui, poursuit l’ancien secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire, notre bilan est effectivement insatisfaisant, car qui saurait se satisfaire de voir loger 7000personnes dans des hôtels de fortune, alors que nous ne disposons que d’une cinquantaine de places d’hébergement spécialisées à leur attention? Nos équipes se défoncent dans des conditions très difficiles, elles subissent toutes cette campagne avec un profond sentiment de souffrance et d’injustice, que je partage.»
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