OUVERTE en avril 2000, la maison de santé de Roubaix est l'une des premières structures de ce type à avoir vu le jour en France.
Située juste en face du centre hospitalier, elle était destinée à désengorger les urgences et réorienter les patients vers les consultations de médecine générale.
Les médecins libéraux qui participaient aux gardes étaient assistés d'un travailleur social mis à disposition par la ville de Roubaix et d'une infirmière détachée de l'hôpital.
En cinq ans, la nouvelle structure avait trouvé sa place dans le paysage sanitaire roubaisien : elle accueillait quotidiennement 15 patients, avec des pointes à vingt-huit certains jours, et avait fait baisser de 20 % la fréquentation aux urgences. Mission accomplie, donc, pour les trois partenaires du projet.
Malheureusement, le financement de la structure était expérimental et prévu pour une durée de deux ans. Après deux prolongations d'une année, la question de l'avenir de la maison s'est sérieusement posée.
Partant pour poursuivre l'expérience sous un nouveau statut, les médecins libéraux du secteur se sont constitués en association et ont déposé auprès de la Drass une demande d'agrément pour la création d'un « centre de santé ». D'un fonctionnement plus classique, cette structure ne permettait plus la prise en charge des sans-papiers et des personnes très défavorisées, au grand regret des médecins de l'équipe, mais elle permettait au moins de poursuivre la mission de soin.
« Tout était prêt pour le changement de statut, lorsque le 18 mai nous est parvenu le cahier des charges du nouvel avenant sur la permanence des soins : il stipulait en toutes lettres que l'existence d'un centre de santé ne dispensait en aucun cas de l'organisation d'un tour de garde en ville par les médecins libéraux », s'indigne le Dr Philippe Lauwicq, médecin coordinateur de la maison de santé.
Selon un accord tacite, poursuit-il, « ces gardes étaient considérées comme incluses dans notre activité à la maison de santé. S'il faut maintenir deux tours de garde, le nombre de patients soignés au centre de santé diminuera et le seuil d'équilibre de la structure ne sera plus atteint ».
Cas particuliers.
Devant le silence des autorités, et l'absence de perspectives, les médecins libéraux ont décidé à la fin juin de fermer la maison de santé, jusqu'à ce que la situation se clarifie.
De son côté, l'assurance-maladie campe sur sa postion : « Les médecins nous demandent de ne plus participer à la permanance de soins. Or celle-ci est une obligation règlementaire. Les personnes âgées et les enfants qui ne peuvent se déplacer à la maison de santé ont besoin de visites à domicile. Nous resterons inflexibles sur ce point. »
Pour prendre en compte ces cas particuliers, peu nombreux, selon eux, les libéraux proposent de fédérer les secteurs de garde et de confier les visites à un « super-effecteur » qui interviendrait après régulation des appels. La proposition, semble-t-il, n'a pas convaincu les autorités.
Pour l'heure, la maison de santé reste donc fermée. Une nouvelle réunion de concertation entre partenaires est prévue, aujourd'hui, 13 septembre. Mais les négociations s'annoncent difficiles. « Nous nous sommes beaucoup investis dans ce projet, et l'assurance-maladie n'a pas tenu sa parole, c'est décevant, constate avec amertume le Dr de Lauwick. Il va falloir du temps pour restaurer la confiance. »
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