A Paris

Poésie, chimères et autres fantasmes

Publié le 22/05/2003
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Arts

Le rêve, aux yeux d'André Breton, symbolisait « l'impératif catégorique de toute poésie ». Le titre de l'exposition - « Trajectoires du rêve » - est d'ailleurs emprunté à l'intitulé de l'un de ses recueils de 1938, récits de rêves écrits ou dessinés. Autour de Breton, ainsi que de Novalis, Gérard de Nerval et Victor Hugo, quatre espaces sont consacrés aux correspondances entre rêve et réalité, à la part de l'inconscient dans la création, à ce qu'Hugo appelait « l'inaccessible et l'invisible », enfin à la part du psychisme dans la création.

Manuscrits, éditions originales, revues et traductions permettent de suivre le cheminement onirique de ces poètes, le travail de leur imagination, leurs fantasmes chimériques. Des œuvres d'artistes de tout temps (gravures, dessins, photos) complètent et illustrent la représentation qui nous est donnée de chacun de ces auteurs.
C'est ainsi que les manuscrits de Novalis consacrés aux fameux paysages imaginaires qu'il rêvait, inspirés par un « idéalisme magique », sont rapportés aux Frottages de Max Ernst pour Histoires naturelles et aux rares gravures d'Hercule Seghers (1590-1638). Aux esprits et aux visions qui peuplent les pages de l' Aurélia de Gérard de Nerval, répondent les œuvres étranges d'artistes médiums des XIX et XXes siècles ou les vues parisiennes fantasmagoriques de Charles Meryon (1821-1868). Hugo, lui, trouve place dans l'exposition avec son Promontoire des songes (1863) qui nous mène aux portes de l'invisible, en écho aux Célestographies d'August Strindberg et aux gravures de Max Ernst. Enfin, André Breton, « le démon de l'analogie », est évidemment traité ici à travers Nadja, que viennent compléter des photos de Brassaï représentant Paris la nuit, des décalcomanies des années 1930, des photos de la Nébuleuse de Raoul Ubac ainsi que des dessins réalisés par Nadja elle-même .
Etrangeté, magie, psychanalyse... Une exposition qui fait divaguer.

« Trajectoires du rêve », Pavillon des Arts. Les Halles, porte Rambuteau, terrasse Lautréamont. Paris-1er. Tlj sauf lundi, de 11 h 30 à 18 h 30. Entrée : 5,5 euros. TR : 4 euros. Jusqu'au 8 juin.
Catalogue, 272 pages, éd. Paris-Musées, 34 euros.

Daphné TESSON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7340